L’étrange pouvoir d’Etienne Bottineau

En 1782, Etienne Bottineau se disait capable de prédire l’arrivée des navires au port plusieurs jours avant qu’ils n’apparaissent. Véritable «radar humain», il avait même théorisé son savoir en une nouvelle science, la «nauscopie». Était-il un affabulateur, un scientifique d’un nouveau genre ou un homme doué de talents paranormaux?

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Août 1782. Bottineau persuade le gouverneur de l’île Maurice, le vicomte François de Souillac, que les onze navires britanniques dont il avait prédit l’approche ne constituent plus un danger…  et en effet ! Magie ? Non, selon lui, ce n’est que de l’observation, fondée sur une nouvelle science, la nauscopie, qu’il définit comme l’art de découvrir les vaisseaux et les terres à une distance considérable.

Né vers 1740 dans la vallée de la Loire, Etienne Bottineau s’est engagé comme marin à Nantes. C’est lors de ses premiers voyages qu’il découvre son don, vers 1762. A son arrivée à l’île Maurice en 1764 – à cette époque l’île de France – il trouve un emploi  dans le génie civil. Au cours des années suivantes, il développe sa technique : une méthode pour reconnaître de manière infaillible les terres et les vaisseaux en mer, à une distance de 250 miles, en combinant les effets qu’ils produisent sur l’atmosphère et sur la mer. Les avantages ? Une prévention efficace des naufrages et des attaques maritimes.

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A partir de 1770, il commence à faire de la publicité autour de son procédé, mais il déplaît au gouverneur La Brillane qui l’envoie à Madagascar. Il en est rappelé au début des années 1780 par le nouveau gouverneur, le vicomte de Souillac.  La renommée de Bottineau enfle au point qu’il est surnommé le « sorcier de Maurice ».

En 1784, Bottineau est de retour en France où il publie sa découverte en 1785, mais il ne recueille que railleries et quolibets. Un seul homme à Paris le soutient de manière inconditionnelle : le médecin Jean-Paul Marat. Après l’assassinat de ce dernier en 1793, Bottineau retourne à l’île Maurice, qui malgré toute la science de son « sorcier » tombera sous domination anglaise.

Etienne Bottineau décède à Port-Louis le 17 mai 1813.

Après la mort de Marat, les papiers personnels de Bottineau ont presque tous été confisqués et confiés aux membres du Cabinet Noir qui a assuré la surveillance et la censure postale jusqu’à la fin de l’Empire. Les sources sont donc rares. Il en reste quelques passages, publiés sous le titre Extrait du mémoire sur la nauscopie ou l’art de découvrir les vaisseaux et les terres (édition de 1786)

Quelques livres pour aller plus loin.

Etienne Jouy, Notice biographique sur Etienne Bottineau, dans Biographie des hommes vivants ou histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits (1816)

Jean Jacques Dupont, Dictionnaire passionnés de l’île Maurice

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Denis Piat, Pirates et Corsaires à l’île Maurice

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Philippe Godard , Le collectionneur d’îles mystérieuses

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Vincent Gaddis, Horizons invisibles. Les vrais mystères de la mer.

Mike Dash, Naval Gazing. The enigma of Etienne Bottineau, dans le Smithsonian Magazine

Rupert Gould, Oddities. A book of unexplained facts

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