Policier classique – L’assassin habite au 21, de Stanislas-André Steeman

Londres, hiver 193. … Sept victimes en deux mois et demi – sept crânes fracassés. Et l’assassin a signé tous ses meurtres en abandonnant un bristol sur les lieux : il s’appelle Smith… La police londonienne est sur les dents, et les milliers de Smith de la capitale connaissent des moments difficiles. C’est qu’il ne fait pas bon porter le même nom que l’ennemi public n°1. Jusqu’au jour où une piste fortuite conduit Scotland Yard du côté de Russel Square. Un soir, après l’un des crimes qu’il venait de perpétrer, Mr Smith manquant de vigilance a été vu alors qu’il entrait au n°21 et qu’il utilisait une clé qu’il avait fait tourner dans la serrure sans se douter qu’on l’observait. C’est donc bien là qu’habite l’assassin le plus insaisissable des annales du crime. Il n’y plus qu’à… Mais c’est bien trop simple, car le 21, Russel Square est une pension de famille, tenue par la très respectable Mrs Hobson. Lequel de tous les hurluberlus – plus étranges et pittoresques les uns que les autres – qui peuplent la pension Victoria pourrait bien être Mr Smith ?

Stanislas-André Steeman est né à Liège en Belgique le 23 janvier 1908. Doté d’un talent précoce, il a seize ans lorsqu’il envoie des contes au journal parisien Le Sourire qui les publie sans se douter de l’âge de leur auteur. En 1924 et 1926, il fait publier à Paris deux recueils de contes, Ephémères et Histoires belges. C’est à cette époque qu’il entre au journal La Nation belge où il officiera jusqu’en 1933. En 1927, il publie Un roman pour jeunes filles, son premier roman, avant d’aborder le genre policier avec Le mystère du zoo d’Anvers qui est publié dans la collection Le Masque. Il obtient en 1931 le Prix du Roman d’aventures de la collection Le Masque pour Six hommes morts. L’assassin habite au 21, publié en 1939, est l’un de ses romans les plus célèbres, qu’Henri-Georges Clouzot a adapté au cinéma en 1942 et André-Paul Duchâteau (l’un des deux pères de Ric Hochet) en bande dessinée en 1994. Stanislas-André Steeman, qui est décédé à Menton en décembre 1970, est sans conteste l’un des écrivains francophones les plus importants, affirmant par son œuvre la spécificité du roman policier non anglo-saxon.

Un monument de la littérature policière, rien de moins… Mais historiquement marqué, c’est vrai : d’aucuns – les chagrins et les grincheux – déploreront la fameuse pension de famille, si chère aux auteurs de romans policiers et peuplée d’échantillons variés et passionnants de la population londonienne, et la galerie de personnages stéréotypés (le couple marié fusionnel dans lequel Madame porte la culotte, l’immigré russe au charme slave qui fait fondre le cœur des dames, le prestidigitateur indien, le médecin misanthrope, le représentant de commerce raté et bègue, la working girl à la manière des années 30, la vieille demoiselle qui écrit des contes pour enfants, le colonel à la retraite, et par-dessus ce beau monde, lancé aux trousses de l’insaisissable Mr Smith, le super flic, le superintendant Strickland, qui passe pour l’homme le plus flegmatique de tout Scotland Yard, à qui « Mrs Strickland elle-même avait renoncé définitivement à lui faire perdre son sang-froid le jour qu’elle lui avait donné, pour la troisième fois, des jumelles ». Même si l’emballage est classique, la solution vous fera bondir au plafond. Une solution que l’auteur lui-même, ne résistant pas à la tentation de narguer son lecteur, invite à deviner…

« Au lecteur qui ne connaît pas le coupable… Ellery Queen, Hugh Austin et quelques autres auteurs de romans policiers américains ont accoutumé d’engager avec leurs lecteurs une sorte de lutte de l’esprit (…) en les invitant à découvrir eux-mêmes la solution des problèmes exposés dans leurs œuvres. Exceptionnellement, il m’a paru amusant de reprendre cette idée à mon compte et d’ouvrir une rapide parenthèse pour vous dire : « Vous voici en possession de tous les éléments nécessaires à la découverte de la vérité. Mieux ! Celle-ci figure en toutes lettres en divers endroits de ce roman. Etes-vous bon détective ? A vous d’en décider ! » L’Auteur ».

Un beau défi à relever, isn’t it ?

Serez-vous plus perspicace que le superintendant Strickland ?

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