Peint aux alentours de 1434, le tableau communément connu sous le nom Les Epoux Arnolfini de Jan Van Eyck et conservé à la National Gallery de Londres est l’une des œuvres les plus commentées de l’histoire de la peinture. Quelques commentaires de plus ? Pourquoi pas… Sauf que cette fois, c’est une chance de voir ce que personne n’avait vu jusque là, une occasion de décrypter une à une les nombreuses énigmes distillées par Van Eyck dans une œuvre infiniment mystérieuse.
Vous croyez qu’il ne s’agit que d’un chef-d’œuvre parmi d’autres chefs-d’œuvre ? C’est vrai que celui-ci est une œuvre décisive de l’art occidental, et ses proportions généreuses (82,2 sur 60 cm) attirent forcément l’attention. Vous croyez que vous savez tout du hiératisme apparent des sujets – la peinture flamande du 15e siècle, quoi ! C’est chatoyant avec cette belle technique de la peinture à l’huile mise au point par Van Eyck, c’est précieux, c’est documentaire… C’est tout ce que vous voulez ! Sauf que ce n’est pas du tout ce que vous croyez ! Dans ce tableau, il y a tellement de signes, tellement d’indications qu’on s’en veut après coup de n’avoir rien vu, alors que tout était là, juste sous notre nez. C’est que ce mystérieux tableau – qui n’en a pas l’air – raconte une histoire tragique, fantastique et stupéfiante. Une histoire de fantôme, rien que ça ! Avec toutes les marques et les manifestations qui attestent qu’on est bien en présence d’un phénomène paranormal, d’un message venu de l’au-delà. Et pourtant, on dirait seulement un couple comme un autre : l’homme est un peu âgé peut-être par rapport à sa compagne qui paraît enceinte jusqu’aux gencives. Un homme et une femme qui attendent leur premier enfant, qui vivent manifestement dans l’opulence, qui laissent traîner leurs pantoufles et qui ont même un joli petit chien… Et pourtant Marguerite d’Autriche, tante de Charles Quint, qui posséda ce tableau, le fit équiper d’un curieux volet destiné à le dissimuler aux yeux des visiteurs jugés trop sensibles ou trop chatouilleux sur le sujet de la piété et de l’orthodoxie. C’est que l’histoire racontée introduisait quelques notions qui n’étaient pas spécialement en odeur de sainteté. Les indices sont nombreux : il y a ce geste de la main, que le reflet dans le miroir ne rend qu’imparfaitement tandis que le chien est carrément absent, cette curieuse inscription sur le mur (la signature du peintre ? possible, mais pas certain), ce luminaire garni d’une seule chandelle allumée, le lit tout tendu de rouge, et beaucoup d’autres encore.
Pour aller plus loin : Pierre-Michel Bertrand, Le portrait de Van Eyck : l’énigme du tableau de Londres (2006).
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