Policier classique – Cinq heures vingt-cinq, d’Agatha Christie

Un titre beaucoup plus intrigant et réussi que les titres en version originale en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis : The Sittaford Mystery ou The Murder at Hazelmoor. De quoi entrer de plain pied dans le mystère !

Une réunion a lieu à Sittaford, dans une propriété appartenant au capitaine Trevelyan, un vieux célibataire misogyne et excentrique, mais que louent Mrs Willet et sa fille Violette. C’est l’hiver, il neige beaucoup: le village est isolé du reste du monde. Alors les quelques habitants décident de se retrouver malgré la tempête qui menace. Comme l’assemblée est trop nombreuse pour jouer au bridge, Violette propose d’improviser une séance de spiritisme: un petit jeu amusant, qui n’emporte pas l’adhésion de tout le monde, mais qui a l’avantage d’être distrayant… jusqu’au moment où l’esprit présent révèle son identité : c’est le capitaine Trevelyan lui-même, qui vit dans un petit logement à Hazelmoor, à 10 kilomètres de là, qui révèle sa mort… son meurtre! Il est précisément cinq heures vingt-cinq. Le téléphone est coupé, la tempête de neige interdit la circulation de véhicules : que faire? Bouleversé par l’affreuse nouvelle et la manière troublante dont elle a été portée à sa connaissance, le major Burnaby décide de partir pour Hazelmoor pour se rendre compte par lui-même. En effet, lorsqu’il parvient, deux heures plus tard, au logement de son ami, l’ancien militaire découvre le corps massacré de Trevelyan. La maison a visiblement été fouillée et selon le médecin qui vient examiner le corps, la mort remonte à la fin de l’après-midi… Cinq heures vingt-cinq, pourquoi pas? C’est bien dans la « fourchette ».S’agit-il d’un crime de rôdeur? Ou alors d’un meurtre prémédité par les domestiques ou par les héritiers?

Pour ceux qui, comme moi, raffolent des œuvres de Conan Doyle, il y a de quoi se lécher les doigts à la lecture de ce pétillant Cinq heures vingt-cinq. Tant de références à l’une des œuvres majeures du maître : l’action qui se déroule dans la région de Dartmoor, l’évasion d’un prisonnier qui se retrouve à errer sur la lande, le village où vit un naturaliste, et aussi, bien sûr, la séance de spiritisme, qui apporte un je-ne-sais-quoi d’exotique et d’excitant. Le tout corsé et présenté à la manière de la Dame de Torquay. Une lecture post-Halloween pour moi qui ai exploré avec plaisir le thème de la planche Ouija, autre vecteur classique de la conversation avec les revenants. De quoi rester dans l’ambiance ! Et en plus, un roman sans Hercule ni Jane : les enquêteurs sont la fiancée du jeune homme arrêté parce qu’il était justement au village le soir de la mort de son oncle, et un journaliste qui court après plusieurs lièvres à la fois – un scoop de sa vie ET ladite fiancée. Des investigations qui font la part belle aux ragots et à la bienveillance que la belle fiancée a l’art d’éveiller chez ses interlocuteurs. Et pour finir, un dénouement éclatant qui donne envie à toutes celles et tous ceux qui prétendent découvrir la fin avant la fin de se donner des gifles : tout était là depuis le début, et le talent de la Reine du Crime est tel qu’on ne voit rien du tout, alors que la vérité apparaît en toutes lettres depuis les premières pages ! Un truc de fou ! Très réussi, vraiment.

Mention spéciale pour l’adaptation télévisée de ce roman en 2006 sous le titre original Le Mystère de Sittaford, dans la série Miss Marple d’ITV, avec Geraldine McEwan dans le rôle de Miss Marple (injectée avec brio dans cette intrigue rurale) et Timothy Dalton dans celui du capitaine Trevelyan.

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