Lorsque Gwenda avait vu la villa, elle n’avait pas hésité une seconde. C’était exactement ce qu’elle recherchait. Cette demeure, Hillside, sur la côte sud de l’Angleterre, est démodée, peut-être, mais elle est charmante. La jeune Gwenda Reed, qui vient d’arriver de Nouvelle-Zélande et qui précède son mari en Angleterre, s’y était sentie chez elle dès le premier instant. Pour un peu, cette maison aurait pu être celle de son enfance : chaque pièce évoquait en elle des souvenirs confus, des impressions que la jeune femme ne parvenait pas à expliquer. Son imagination lui jouait des tours, bien sûr. Comment pouvait-elle reconnaître cet endroit puisqu’elle n’avait jamais mis les pieds en Angleterre auparavant ? Pourtant, tout lui était familier. Depuis le jour où elle en a franchi le seuil, c’était comme si la maison parlait à Gwenda. Pourquoi s’était-elle sentie glacée de terreur en regardant dans le hall, du haut de l’escalier ? Pourquoi ? La villa était-elle hantée ? Ou alors Gwenda était-elle en train de perdre la raison ?
Sleeping murder : Miss Marple’s last case, dans sa version originale, a été publié en octobre 1976 – la même année en France – après la mort de la Dame de Torquay. Un roman qui dormait dans le coffre d’une banque londonienne depuis 1940 : il fait partie des deux romans écrits « au cas où » par Agatha Christie alors qu’elle craignait d’être victime des bombardements sur Londres, pour ne pas laisser sa fille et son second mari sans ressources. L’autre roman est l’ultime enquête d’Hercule Poirot, Hercule Poirot quitte la scène, qui ne sera publié qu’en 1975. Comme dans Cinq petits cochons, le meurtre qui fait l’objet de l’enquête s’est déroulé plus de dix ans avant l’époque du récit, ce qui confère à ces deux romans une touche cold case très appréciable.
Au début, c’est comme un souffle de vent, une erreur peut-être : une impression de déjà-vu mais rien de plus. En tout cas, rien d’alarmant puisqu’en fin de compte Gwenda se sent d’ores et déjà chez elle, avant même de s’installer sur place. Mais très vite, l’angoisse monte : cela va de plus en plus loin, beaucoup trop loin. Gwenda finit par se demander si elle est médium. Lors d’une visite à Londres, Gwenda se joint à un couple d’amis, Raymond West et son épouse, pour une sortie en ville. La tante de Raymond est de la partie : Miss Marple en personne ! Comme le monde est petit ! Et surtout comme le hasard fait bien les choses ! Le spectacle auquel ils assistent déclenche une crise chez Gwenda, une sorte d’hallucination si forte qu’elle se met à hurler. Et pour cause : Gwenda a vu un homme qui étranglait une femme blonde… Une femme prénommée Helen… Mais Gwenda ne connaît aucune Helen ! Pour une enquête de cette sorte, Miss Marple va devoir plonger dans le passé de la jeune femme.
La dernière énigme a été adaptée pour la télévision à trois reprises : en 1987 dans la série Miss Marple de la BBC One avec Joan Hickson ; en 2006 dans la série Miss Marple d’ITV avec Geraldine McEwan ; et en 2012 dans Les Petits Meurtres d’Agatha Christie : le rôle de Miss Marple est tenu par le duo d’enquêteurs Larosière-Lampion interprétés par Antoine Duléry et Marius Colucci.
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