Puissance, nouveauté et scandale… Le Caravage

Michelangelo Merisi da Caravaggio est né le 29 septembre 1571 à Milan. Son père est l’intendant de Francesco 1er Sforza, et sa famille, issue de la classe moyenne, est très honorablement connue dans la capitale lombarde. L’épidémie de peste de 1576 décime le clan Merisi. A 13 ans, Michelangelo intègre l’atelier de Simone Peterzano, qui se présente comme le disciple du Titien. Initié à toutes les techniques en vogue à l’époque, comme le dessin et l’art de la fresque, le jeune homme marque son intérêt pour le portrait et la nature morte – deux registres dans lesquels il peut donner libre cours à sa passion pour le clair-obscur et le naturalisme. Son art est aussi marqué par la Contre-Réforme, dont l’une des figures de proue, Charles Borromée, est archevêque de Milan.

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En 1592, en pleine période baroque, Michelangelo part s’installer à Rome – une période troublée de sa vie qui laissera à la postérité le souvenir d’un homme violent et querelleur, toujours plus ou moins sous le coup d’une condamnation. Mais bientôt, la protection du cardinal Francesco Maria Del Monte procure à l’artiste la sécurité dont il a besoin pour poursuivre son œuvre. Sous l’influence de son mentor, Caravage intègre les meilleurs cercles. Et son style fait merveille : on admire la manière dont il traite de sujets religieux et historiques en s’aidant de modèles vivants. On dit qu’il réussit à humaniser le divin et à le rapprocher du commun des croyants.

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Mais après la mort successive de Clément VIII et de Léon XI, en mars et avril de la même année 1605, la Ville Eternelle subit les rivalités des partis francophile et hispanophile à la cour pontificale. Lors d’une rixe, Caravage tue un homme : en fuite, il est condamné à mort par contumace et se voit donc contraint de vivre désormais loin de Rome – à Naples, à Syracuse, à Messine et même à Malte. Cette vie de fuyard ne l’empêche de continuer à peindre, mais à Malte où il a été fait chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, son naturel violent reprend le dessus et il doit à nouveau s’enfuir pour échapper à une condamnation.

Les circonstances exactes de la mort de Caravage restent obscures : informé d’une grâce obtenue par ses amis restés à Rome, Caravage entreprend par la mer le périlleux voyage de retour, mais il est arrêté à Palo Laziale, au sud de Civitavecchia. Le 18 juillet 1610, son décès est enregistré à l’hôpital Porto Ercole. A-t-il succombé à une fièvre, ainsi qu’on l’a raconté, ou à un accident ? Ses ennemis l’ont-ils finalement rattrapé ?

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Le corps de l’artiste est inhumé dans le cimetière San Sebastiano de Porto Ercole. C’est dans l’ossuaire de San Sebastiano que, contre toute attente, on retrouve les restes de Caravage en 2010 : les examens médico-légaux ont montré que l’homme était intoxiqué au plomb et sans doute aussi syphilitique, ce qui aurait induit une grande faiblesse générale encore aggravée par la chaleur de l’été 1610. Les dents de Caravage ont révélé qu’il était porteur d’un staphylocoque doré qui aurait pu provoquer sa mort.

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Dans la plupart des œuvres de Caravage, les personnages sont placés dans des lieux sombres, des extérieurs nocturnes ou même un décor sans contour, simplement noir. Les détails se découpent sous la lumière crue qui jaillit d’un point surélevé. Cet usage de la lumière et de l’ombre sera à la fois porté aux nues et critiqué, avec une égale vigueur, non seulement par ses contemporains, mais aussi par tous ceux qui, au cours des siècles suivants, s’attachèrent à décrire la personnalité controversée de Caravage : sombre, querelleur, ignoble, illustrateur du mal pour les uns, maître de la lumière et de la mise en scène, technicien hors pair pour les autres. L’œuvre de Caravage ne laisse personne indifférent. Était-il, comme on l’a dit, un artiste maudit, dont les tableaux étaient fréquemment refusés ? Les recherches les plus récentes ont largement contribué à nuancer cette position. L’homme lui-même, effectivement querelleur et coupable d’un homicide, doit être considéré dans le contexte de son époque.

Quelques livres pour aller plus loin :

Françoise Bardon, Caravage, ou l’expérience de la matière

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Giovanni Pietro Bellori, Vie du Caravage

André Berne-Joffroy, Le Dossier Caravage : psychologie des attributions et psychologie de l’art

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Laurent Bolard, Caravage 1571-1610

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Sybille Ebert-Schifferer, Caravage

José Frèches, Le Caravage : peintre et assassin

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Quelques romans :

Francesco Fioretti, Dans le miroir du Caravage

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James Twining, L’affaire Caravage

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Daniel Silva, L’affaire Caravaggio

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Gérard Mans, Poche de Noir

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