Aussi appelé carré magique, il s’agit d’une figure contenant des lettres (cinq rangées de cinq lettres) et formant le palindrome latin SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS – une figure que l’on retrouve dans plusieurs inscriptions latines antiques et médiévales (Corinium, actuelle Cirencester en Angleterre ; Doura Europos en Syrie ; Conimbriga au Portugal ; à la maison forte de Reignac ; sur le mur de la cathédrale de Sienne ; à l’abbaye de San Pietro ad Oratorium près de Capestrano en Italie…) dont la plus ancienne a été trouvée à Pompéi.
Que signifie ce carré de lettres, qui peuvent indifféremment être lue de haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite et de droite à gauche ? Chacun des termes est un acrostiche, un mésostiche ou un téléstiche, et la place des mots n’a aucune influence sur la signification de l’ensemble, même lorsque l’on lit la figure en boustrophédon. Le carré est composé des cinq mots suivants :
- Sator : le laboureur, le planteur, le semeur ; ou le créateur, le père, l’auteur
- Arepo : de signification inconnue, mais qui signifie charrue en celte. C’est un hapax qui n’apparaît nulle part dans la littérature latine. Il s’agit peut-être d’un nom propre
- Tenet : du verbe tenere, tenir, indicatif présent actif, 3e personne du singulier
- Opera : de opus, operis, le travail ; les travaux, les œuvres, les soins
- Rotas : de rota, rotae, la roue ; accusatif pluriel, les roues, les rotations, les orbites, les révolutions, les cycles
Soit pour le sens littéral du carré… mais que signifie l’ensemble ? Et pourquoi est-il si souvent recopié ? On ne compte plus les tentatives d’interprétation et les hypothèses mystiques et autres attachées à ce mystère. On a pensé à un signe de reconnaissance utilisé par les premiers chrétiens afin de se reconnaître entre eux, à un cryptogramme mathématique ou plus simplement à un assemblage au sens perdu qui n’aurait rien eu de magique – sauf que le temps passant, sa signification perdue lui conférait une aura de mystère. Mais tous s’accordent sur le fait que le palindrome était volontaire et doté d’un sens précis qui a pu être dévoyé.
Avis aux amateurs de mystères… Une hypothèse à soumettre ?
Quelques livres pour aller plus loin :
Jérôme Carcopino, « Le christianisme secret du carré magique », in Museum Helveticum, 5, 1948, p.16-59
Alain Le Ninèze, Sator : L’énigme du carré magique
Guy Claude Mouny, Nouvelles découvertes sur les carrés magiques
Stephen Barker et Ludvig Prinn, Le grand livre des carrés magiques
Mikhaïl Frolov, Les carrés magiques
Jacques Bouteloup, Carrés magiques, carrés latins et eulériens : Histoire, théorie, pratique
Lucien Gérardin, Les carrés magiques : mystérieuses harmonies de nombres
Jacques Sesiano, Un traité médiéval sur les carrés magiques : de l’arrangement harmonieux des nombres
René Descombes, Les carrés magiques
Charles Cartigny, Carré magique ? Non, carré sacré
Des romans :
Steve Berry, Le dernier secret du Vatican
Michel Anglade, L’énigme du carré de Sator
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