Aventurier, espion, alchimiste, devin, musicien, peintre… Le comte de Saint-Germain, né selon la légende en 1691 et mort le 14 février 1784 à Eckernförde dans le Schleswig, est sans conteste l’un des personnages les plus énigmatiques du 18e siècle.
Était-il, comme on l’a laissé entendre, le descendant illégitime d’une personnalité royale – ce qui permettrait de comprendre non seulement le niveau exceptionnel de son éducation et de sa culture, mais aussi ses liens d’intimité avec Louis XV ? Ce qui est certain, c’est que le comte, quelles qu’aient été ses origines, a pendant toute sa vie cultivé une part de mystère et d’ombre, se retirant du monde parfois pendant plusieurs années, avant de revenir en France et de se faire attribuer la jouissance du château de Chambord pour y mener ses travaux et ses expériences. Au début du règne de Louis XVI, le comte aurait dénoncé l’existence d’un complot gigantesque dirigé contre la royauté, le clergé et la noblesse : il aurait également prévu le rôle du duc de Chartres – futur Philippe-Egalité – et sa fin sur l’échafaud, ainsi que la Terreur.
« C’est un homme qui ne meurt point, et qui sait tout », disait de lui Voltaire en 1760.
En effet, selon la tradition, le comte de Saint-Germain était immortel, ayant tiré parti de ses connaissances alchimiques qu’il aurait consignées dans l’ouvrage La Très Sainte Trinosophie : certains ont même soutenu qu’il aurait vécu plusieurs millénaires, qu’il aurait été le témoin des noces de Cana et des intrigues à la Cour de Babylone. Cette image est essentiellement due aux manœuvres du ministre Choiseul qui n’aimait pas Saint-Germain et qui s’était adjoint les services d’un comédien pour le déconsidérer. En fait, le comte était un personnage original qui était doté d’un réel talent de conteur et d’une culture quasiment encyclopédique. Il parlait et écrivait couramment près d’une douzaine de langues et se montrait sans cesse curieux de tout, notamment de tous les moyens d’allonger l’existence humaine, ce qui contribua à forger sa légende.
Une légende tenace, puisqu’au 20e siècle, Richard Chanfray, qui fut le compagnon de Dalida, affirmait encore être le comte de Saint-Germain.
Quelques livres pour aller plus loin :
La Très Sainte Trinosophie (édition 1971)
Rolland Collignon, Le Comte de Saint-Germain : entre mythe et réalité
Pierre Ceria et François Ethuin, L’énigmatique comte de Saint-Germain
Patrick Rivière, Secrets et mystères de l’occultisme : Saint-Germain et Cagliostro
Michel Coquet, Le Comte de Saint-Germain, éveilleur de l’Occident
Richard Khaitzine, Le comte de Saint-Germain – hypothèses et affabulations
Philip Wilkin, Le Comte de Saint-Germain : espion de Louis XV, alchimiste et… immortel ?
Gérald Messadié, Saint-Germain, l’homme qui ne voulait pas mourir
Le Comte de Saint-Germain apparaît aussi dans plusieurs romans :
Umberto Eco, Le pendule de Foucault
Catherine Hermary-Vieille, L’initié
Nicolas Bouchard, La sibylle d la Révolution
Claude Izner, Les souliers bruns du quai Voltaire
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