Le mystère en chambre close est une forme particulière d’énigme policière qui tourne autour d’un meurtre ou d’une agression mortelle commis dans une pièce hermétiquement fermée, d’où l’assassin n’a pas pu s’échapper après le crime. Il en existe de nombreuses variantes: le crime perpétré sur une plage où n’apparaît aucune trace de pas, ou un assassinat qui a eu lieu alors que personne n’a pu entrer. L’idée de base est celle du meurtre impossible, chère à de nombreux auteurs de romans policiers.
Mais il y a bien eu quelques cas historiques de crimes commis dans des lieux fermés de l’intérieur.
Le 10 mars 1929, Isidor Fink est retrouvé dans l’arrière-salle de sa blanchisserie du 4 East 132e Rue à New York. Il a le corps criblé de balles. L’affaire semble impossible à résoudre, car l’endroit, qui est composé de deux pièces aux fenêtres aveugles et protégées par des barreaux de fer, est fermé et cadenassé de l’intérieur. Le vol n’est pas le mobile, car l’argent est toujours dans la caisse. L’hypothèse du suicide est écartée: il n’y aucune arme sur place. Les policiers s’entêtent et sondent le plancher, les murs et le plafond à la recherche d’un panneau secret ou d’une porte cachée, mais en vain. Un journaliste de l’époque évoque une explication surnaturelle, mais aujourd’hui on pense que Fink a pu ouvrir à son agresseur qui lui a tiré dessus. La victime a cependant trouvé la force de repousser la porte et de la verrouiller avant de s’effondrer. De tels cas, qu’on a pu observer par ailleurs dans d’autres affaires, sont quand même très rares…
Le 16 mai 1937, Laetitia Toureaux, née Nourrissat, une jeune veuve de 30 ans, est retrouvée assassinée à Paris à la station de métro de la Porte Dorée. Un des passagers du métro, un médecin militaire, la découvre écroulée sur son siège de première classe, un couteau à cran d’arrêt planté dans le cou. Le crime est largement commenté dans la presse. L’enquête révèle que la jeune femme menait une vie tumultueuse: elle avait plusieurs amants et elle travaillait sous un faux nom pour une agence de détectives privés. Elle fréquentait aussi beaucoup l’ambassade d’Italie à une époque où les partisans de Mussolini cherchaient à démanteler les réseaux antifascistes européens. La guerre qui survient deux ans plus tard et l’absence de progrès dans les investigations provoquent le classement de l’affaire. En 1962, un anonyme a revendiqué par le biais d’une lettre adressée à la Police Judiciaire le meurtre de Laetitia, pour des motifs passionnels, sans qu’on puisse remonter davantage cette piste, notamment en raison de la prescription.
Le 23 août 2010, Gareth Williams, un mathématicien de 32 ans, employé par le MI6, est retrouvé mort dans un appartement de Pimlico. Son corps nu est retrouvé dans un sac fermé au cadenas, dont la clef est découverte sous le corps, également dans le sac. Son décès qui paraît d’abord criminel, attendu que l’homme travaillait pour les services secrets, aurait été requalifié en accident survenu lors de pratiques sexuelles particulières. Mais des développements intervenus en 2015 réorienteraient l’enquête sur une piste criminelle.
Quelques livres pour aller plus loin :
Donald E. Westlake, Murderous schemes : an anthology of classic detective stories
John T. Irwin, The mystery to a solution. Poe, Borges and the analytic detective story
John Scaggs, Crime fiction
Michael Cook, Narrative of enclosure in detective fiction : the locked room mystery
Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, Murder in the metro : Laetitia Toureaux and the Cagoule in 1930s France
Des romans policiers, parmi lesquels des classiques :
Edgar Allan Poe, Double assassinat dans la rue Morgue
Edgar Wallace, Les quatre justiciers
Gaston Leroux, Le mystère de la chambre jaune
Arthur Conan Doyle, La vallée de la peur ; Le signe des quatre ; Le ruban moucheté
Dorothy L. Sayers, Lord Peter et le mort du 18 juin
John Dickson Carr, Trois cercueils se refermeront
Agatha Christie, La mystérieuse affaire de Styles ; lls étaient dix
Mystères à huis clos – recueil de romans et de nouvelles, aux éditions Omnibus
Pierre Siniac, Le crime du dernier métro (basé sur l’histoire de Laetitia Toureaux)
Luc-Michel Fouassier, Fragments d’un fait d’hier (aussi basé sur l’affaire Toureaux)
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