Né en 1746, Goya est issu d’une famille qui fait partie d’une sorte de classe moyenne de l’Espagne du 18e siècle : ses ancêtres étaient artisans, mais la famille vivait à la manière des bourgeois. Très vite, ses dons artistiques sont remarqués, mais sa progression est lente et longue, et surtout semée d’embûches car le talent du jeune homme n’a rien de très conventionnel. Parti étudier en Italie, il vit là-bas sur ses propres ressources : il y acquiert le goût de l’esthétique classique et des sujets mythologiques. C’est à son retour en Espagne en 1771 que la carrière de Goya décolle véritablement, grâce à sa capacité à concevoir et à réaliser des fresques. Ses commanditaires sont d’abord les chanoines de Saragosse, puis des familles nobles. Goya devient finalement le peintre attitré de la cour royale à partir de 1776. Son art, qui oscille entre le réalisme et le traitement pittoresque « au naturel », fait son succès, et ses techniques s’enrichissent par sa fréquentation assidue des collections royales qui contiennent notamment des chefs-d’œuvre de Vélasquez. Les tableaux qu’il produit tendent même vers un caractère nettement préromantique qui se ressent du saturnisme, la maladie dont il est accablé dès le début des années 1790, avant que Goya devienne sourd à partir de 1793.
Ce sont surtout les tableaux qui ont exploité la thématique du mystère, de la sorcellerie, de la nuit et de la cruauté – à mettre en rapport avec ses Caprichos – qui intriguent encore aujourd’hui. La Lampe du diable, Le Vol des Sorcières et surtout Le Sabbat des Sorcières illustrent peut-être les superstitions populaires dans le but de s’en moquer…
A moins que ces tableaux ambigus n’aient eu pour intention de transmettre des émotions inquiétantes issues des rêves – ou plutôt des cauchemars – à travers les aspects les plus sordides de l’être humain. Plus tard, dans la série des Désastres de la guerre, qui commentent presque en temps réel les horreurs perpétrées sous l’occupation française, Goya montre des scènes effroyables de viols, d’assassinats, de cannibalisme, de mutilations, avant de culminer avec les Peintures noires qui présentent un caractère presque surréaliste.
Quelques livres pour aller plus loin :
Stéphane Lambert, Visions de Goya. L’éclat dans le désastre
Jeannine Baticle, Goya d’or et de sang
Claude-Henri Rocquet, Goya
Michel del Castillo, Goya : l’énergie du néant
Un roman : Scott Mariani, Relique
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