La Tapisserie de Bayeux et ses secrets

C’est toute la geste de l’accession au trône d’Angleterre de Guillaume de Normandie que raconte cette étonnante tapisserie de 70 mètres de long, avec ses moments forts, comme la scène 55 qui relate les événements du 14 octobre 1066, la célébrissime bataille de Hastings. C’est comme un livre d’images, remarquable avec sa légende en latin et ses personnages si vivants qui semblent vouloir jaillir des différents tableaux réalisés par des brodeuses au talent infini. C’est aussi un objet de fascination, tant pour les Français que pour les Anglais, un monument historique au sens propre, unique et incontournable.

Pourtant, si célèbres que soient la tapisserie et les faits dont elle rend compte, certaines zones d’ombre persistent. Le serment prêté par Harold à Guillaume était-il réellement une allégeance, une reconnaissance de sa souveraineté, notamment comme roi d’Angleterre ? Aucune précision n’apparaît sur la tapisserie et si Harold n’a pas fait allégeance, l’étiquette de traître dont l’Histoire l’a gratifié devient caduque. D’autant plus qu’au moment de ceindre la couronne d’Angleterre, l’homme paraît convaincu de son bon droit. De même, on ne sait rien des circonstances de la mort d’Harold.

Une autre question en suspens est celle de l’origine même de la tapisserie. Il s’agit d’une commande, mais de qui ? D’Adèle de Blois, fille de Guillaume le Conquérant, voulant commémorer les 50 ans de la bataille de Hastings ? Ou d’Odon, évêque de Bayeux et frère du Conquérant ? Selon la réponse, les intentions diffèrent… Autre question : où l’ouvrage a-t-il été réalisé ? En France ou en Angleterre ? Les documents probants manquent pour trancher ces questions essentielles – ce qui ajoute encore à leur caractère stimulant.

Quelques livres pour aller plus loin :

Andrew Bridgeford, 1066. L’Histoire secrète de la tapisserie de Bayeux