Polar historique – L’affaire Raphaël, de Iain Pears

Se pourrait-il qu’un authentique Raphaël ait traversé les siècles, dissimulé sous un barbouillage insipide ? Et que ce chef-d’œuvre, tout maquillé comme il l’est, dorme encore dans une petite église miteuse, nichée au cœur de Rome ? C’est que croit Jonathan Argyll, un universitaire anglais qu’on a arrêté alors qu’il cherchait à passer la nuit dans ladite église … Le jeune homme, qui prépare un doctorat sur Carlo Mantini, prétend que c’est précisément ce peintre du XVIIIe siècle qui aurait recouvert le portrait d’Elisabetta di Parma, œuvre du grand Raphaël, pour lui permettre de franchir les frontières italiennes ni vu ni connu. Mais le temps que les autorités réagissent, le tableau est acheté le plus légalement du monde par Sir Edward Byrnes, richissime marchand d’art londonien, puis nettoyé, révélé au monde et proposé à la vente. Mais l’Italie n’entend pas se laisser dépouiller ainsi de son patrimoine artistique, et au terme d’une surenchère épique, la précieuse toile réintègre sa patrie romaine … Le service chargé des œuvres d’art – le général Bottando et son adjointe Flavia di Stefano – n’est pourtant pas encore au bout de ses peines.

Amis lecteurs, prenez garde ! Vous trouverez ici réunis tous les ingrédients d’un grand roman policier, à classer d’emblée parmi les incontournables. Nous avons donc :

–          une intrigue originale et dynamique, avec un petit goût de chasse au trésor

–          une trame historique passionnante ; des personnages attachants – peut-être un peu stéréotypés, mais sans excès – à savoir : le vieux flic diplomate et roublard, la jeune recrue aussi maligne que jolie, l’étudiant anglais maladroit, le marchant d’art ambigu et le directeur de musée imbuvable

–          le tout servi à merveille par un style vif, une écriture accrocheuse, un humour mordant et un rythme effréné

Les rebondissements se succèdent avec une jubilation qui va vous faire oublier le monde qui vous entoure …

Premier volet des aventures du trio Bottando-Di Stefano-Argyll, L’affaire Raphaël vaut vraiment la peine qu’on s’y arrête. Il inaugure une série de qualité (sept volumes en tout, avec une vraie fin, ce qui n’arrive pas si souvent), mais sans les lourdeurs habituelles : le décor est certes mis en place, mais avec une vivacité qui enchante, tandis que les personnages se découvrent peu à peu, d’une manière naturelle et avec beaucoup d’humour. Le thème est didactique, mais il est traité sans pédantisme.

D’où vient alors que cet excellent opus traîne une réputation peu flatteuse de roman de gare ? Est-ce parce qu’il se lit facilement, presque d’une traite ? Ce serait un étrange reproche : peut-on vraiment préférer les histoires à rallonge et les écrivains aiguillonnés par le seul plaisir de noircir du papier ? C’est à voir : s’ils ont quelque chose à raconter, pourquoi pas ? Sinon … Est-ce parce qu’il y manque les gros bras, que j’aime bien moi aussi quand ils y sont, mais qui ne me manquent pas plus que ça quand ils n’y sont pas ? Est-ce parce que l’auteur a su distribuer les rôles avec brio au point qu’il n’y a pas un héros, mais trois, indissociables et complémentaires ? C’est vrai que ce côté « team » peut déplaire, parce qu’il est relativement inhabituel : les romans policiers offrent souvent le modèle du personnage principal, reconnaissable au premier coup d’œil, épaulé par des personnages qui, sans être réellement secondaires, endossent plus ou moins le rôle ingrat de faire-valoir.

Il y a du grain à moudre, mais c’est quand même une affaire rondement menée, que cette Affaire Raphaël ! A lire (et à relire) sans modération.

Un lien utile:

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :