Polar classique – Le jour du tiramisù, de Sarah Berti

le_jour_du_tiramisuAh ! Une compatriote, avec un polar au délicieux petit goût local …

Un matin pluvieux de mai, le corps d’un adolescent est retrouvé flottant dans la Senne à Rebecq, une bourgade paisible du Brabant wallon. L’antenne de police locale hérite de l’affaire, alors même que ses agents sont plus habitués aux conflits de voisinage qu’aux investigations criminelles. Tristan Delsenne, 19 ans, a été aperçu  pour la dernière fois lors d’une funeste soirée des rhétos. Très vite, les témoignages resserrent l’étau sur l’athénée où étudiait Tristan. C’est un microcosme sans pitié, régi par ses règles propres. Entre professeurs désabusés, nymphettes tyranniques, pactes et secrets, les histoires s’y entrecroisent, les solitudes s’y heurtent. La jeune Tiziana Dallavera, fraîchement diplômée de l’école de police, mène l’enquête à sa façon, jamais loin de sa famille italienne un peu encombrante, entre un petit frère surdoué qui n’hésite pas à plonger au cœur de l’action, une mère magnifique et névrosée, et une grand-mère – une Nonna – toujours aux fourneaux et qui veille à remplir les estomacs. A la recherche d’une vérité qui dérange …

Ce n’est pas la première fois que Sarah Berti se frotte au roman policier. L’excellent Qui a tué mamie Grababelle ? rangé au rayon de la littérature jeunesse (à tort, à mon avis, parce que ce petit livre bien construit brasse des thèmes bien plus graves qu’il n’y paraît) avait déjà montré de quoi était capable cette romancière talentueuse quand elle s’en va sur la route du crime. Mais c’est la première enquête de Tiziana Dallavera, la jeune enquêtrice débutante, à l’instinct très sûr. C’est un polar féminin, plein d’humour et décomplexé, qui dresse un portrait drôle-amer de gens comme les autres, avec, pour toile de fond, le charmant petit village de Rebecq. Les rebondissements s’enchaînent avec virtuosité, le suspense est maintenu jusqu’au bout. Et tout cela fleure bon l’Italie ! Que du bonheur !

Née en 1974, Sarah Berti a d’ores et déjà démontré ses étonnantes capacités à envoûter le public : depuis ses débuts, elle a déjà été plusieurs fois primée pour ses écrits, des romans et des nouvelles qui s’adressent à un large lectorat, jeunes et adultes, avec toujours la volonté de parler de sa région et d’évoquer ses racines italiennes. Dernière récompense en date : le Prix littéraire Prince Alexandre de Belgique 2018, décerné pour Avant les Tournesols, le dernier bébé de Sarah Berti.

Avec Tiziana, l’auteur concrétise son projet de héros au féminin, à la fois tendre et acide, idéaliste et lucide. Le dosage est parfait ! On évite le côté cliché de la jeune femme, énervée et énervante, qui foncerait tête baissée, arme au poing, le genre de wonder woman à qui personne ne pourrait vraiment s’identifier. Au contraire, Tiziana est un personnage tout en nuance, qui écoute et qui observe beaucoup, qui grignote et qui s’inquiète, qui s’interroge et qui aboutit.

La description de la famille italienne est truculente, avec une faiblesse tout de même : tout mignon soit-il, le petit frère prodige est si exceptionnellement intelligent qu’il en paraît presque magique. Pour le reste, c’est plus vrai que nature. Mention spéciale pour cette Nonna, tour de contrôle de toute sa smala, qui couve sa petite-fille et ne veut pas entendre parler de régime.

Une belgitude assumée, une intrigue prenante, des personnages attachants et bien campés qui évoluent dans des lieux qu’on prend plaisir à reconnaître : un vrai bonheur pour les lecteurs, familiers ou non du Plat Pays.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :