S’il y a bien un domaine dans lequel le romancier, s’il ambitionne d’écrire des polars, doit disposer d’une expertise suffisante, c’est bien la criminologie, c’est-à-dire l’étude scientifique de l’ensemble du phénomène criminel, non seulement pour caractériser avec précision la réalité des crimes qui interviennent dans l’intrigue, mais aussi pour être capable de décrire les étapes de l’enquête sans perdre en crédibilité.
L’idéal serait bien évidemment de disposer du bagage universitaire correspondant, ou d’une expérience de terrain. Mais il est cependant possible de se débrouiller autrement (Heureusement !). Je propose donc de dresser ce que j’appellerais une « fiche enquête » qui reprend les sept pôles suivants :
– le site, qui est classiquement le premier élément porté à la connaissance de la personne qui découvre le corps ;
– la victime et le meurtrier, qui sont évidemment au cœur de l’affaire ;
– le moment, ou plutôt les différents moments relatifs au crime : les heures qui le précèdent, le moment de la commission du crime et les heures qui la suivent, c’est-à-dire le temps d’une éventuelle dissimulation du cadavre ou d’une possible manipulation de la scène de crime ;
– la nature des faits constatés ;
– l’éventail des mobiles possibles ;
– et pour finir, les témoins, sur qui reposent tant d’espoirs et d’incertitudes.
En conclusion, je reviendrai sur ce que l’on nomme de manière générique les indices : le relevé et la recherche des traces ; les éléments eux-mêmes, organiques ou pas : cheveux, fibres… ; la batterie des tests dont dispose la police scientifique ; l’ADN, la « reine des preuves » ; et enfin la balistique.
Le site
On parle toujours de scène de crime. Mais en réalité, la définition spatiale d’un crime peut concerner plusieurs lieux différents qui correspondent au déroulement chronologique des faits. En effet, avant d’être molestée ou tuée, la victime a forcément évolué dans un environnement qu’il faut reconstituer : s’agit-il d’un lieu où la victime s’est rendue de son gré, comme un magasin, un café ou une soirée ? Y a-t-il eu contrainte ? C’est le moment de se poser la question d’une éventuelle séquestration préalable et d’en reconstituer les circonstances. Il y a l’endroit où la victime a subi la violence de son agresseur, que l’issue ait été ou non mortelle. Le lieu de la découverte du corps clôt ce schéma. Quoi qu’il en soit, s’il y a plusieurs lieux en cause, il faudra prendre en considération les trajets effectués entre ces différents endroits, pour y relever toutes les traces de sang, de lutte et de passage. Une fois établie la liste des lieux, il convient de les caractériser.
– S’agit-il de zone(s) criminogène(s), d’endroit(s) vulnérable(s), accessible(s), visible(s), isolé(s) ?
– S’agit-il de lieux où la victime aurait pu se rendre elle-même, de son gré ou parce qu’elle en avait la possibilité physique ?
– Dans quel état précis sont les lieux épinglés ? Remarque-t-on du désordre, des efforts de nettoyage, ou une structure commune à plusieurs autres lieux du même genre ? Y a-t-il eu effraction ?
– A-t-il pu y avoir un repérage des lieux par l’agresseur ? Cette question ouvre la voie à la préméditation et aussi à d’éventuels témoignages : des tiers ont pu apercevoir l’agresseur avant les faits ou remarquer un comportement suspect.
– Quelle(s) influence(s) la météo a-t-elle pu jouer ? Les conditions climatiques ont-elles impacté la commission du crime, en réduisant la visibilité, ou en favorisant ou en contrariant la fuite de la victime et/ou du tueur ? La météo a-t-elle pu modifier la scène après la commission du crime, en effaçant des traces par exemple ?
Tous ces éléments sont classiquement recueillis selon une méthode de ratissage systématique que l’on nomme la méthode de l’escargot, c’est-à-dire en partant de la victime et en se déplaçant de cercle en cercle, toujours plus loin. Ce qu’on recherche ? Evidemment de quoi reconstituer les circonstances exactes du crime et aussi, pourquoi pas, de quoi serrer le criminel : en effet, certains éléments caractéristiques peuvent paraître si étonnants qu’ils sont parfois qualifiés de signatures, protégés par le secret de l’instruction comme les joyaux de la couronne.
La victime
Evidemment, c’est par là que tout commence : pas de crime sans victime. C’est le B.A. BA de toute affaire criminelle. La victime, à identifier avant toute autre chose, n’entretient pas forcément de lien personnel avec son meurtrier, que celui-ci l’ait « élue » ou que tout se soit fait par hasard – l’éternelle histoire du mauvais endroit et du mauvais moment. On ne peut pas non plus exclure d’emblée la possibilité d’une erreur sur la personne, même s’il est trop tôt à ce stade pour valider l’hypothèse. Mais c’est vrai qu’une ressemblance physique de la victime avec d’autres intervenants du dossier, ou même des vêtements semblables dans les circonstances du crime (lieu, lumière), peuvent induire avec pertinence ce type d’interrogation.
La victimologie – la science de la victime – va permettre d’en dresser une fiche d’identité détaillée : personnalité, habitudes (éventuellement de mauvaises habitudes, comme une propension à se mettre en danger), entourage, proches, collègues, relations, emploi du temps, état d’esprit, lieux de vie et de travail… C’est ainsi que les enquêteurs peuvent espérer cerner la part d’ombre de la victime. Même si les proches, choqués par l’annonce d’un décès brutal, rejettent cet aspect de la personne chère qu’ils ont perdue, chaque être humain recèle une part cachée et inavouable, une vie secrète, inconnue de l’entourage. L’état émotionnel des proches les empêche-t-il réellement de fournir un témoignage rationnel ? On peut en effet observer des réactions de déni ou une période de mutisme, mais il y a un élément qu’il faut constamment garder en tête : les personnes qui connaissaient la victime, ses habitudes, ses problèmes, ses penchants, sont souvent les mieux placées dans la liste des suspects. Personne ne peut mieux tirer parti de dispositions intimes pour masquer le crime. Personne ne peut mieux tirer avantage d’éléments impossibles à prouver, comme des confidences… Ne dit-on pas que les morts ont bon dos et qu’on leur fait dire et faire ce qu’on veut, a posteriori ?
Le meurtrier
C’est l’autre acteur essentiel de toute affaire criminelle. La victime et lui entretiennent un rapport constitutif réciproque, sauf si le suicide est acquis, bien évidemment. Il n’existe cependant pas forcément de lien tangible entre l’auteur et la victime, à part celui du crime. Ils peuvent ne s’être jamais rencontrés auparavant. L’entourage reste pourtant le cercle le plus intéressant à explorer par les enquêteurs : il n’y a que les prédateurs psychopathes qui tuent des inconnus, et, grâce à Dieu, ils ne sont pas si nombreux. Et justement, la proximité de l’auteur et de sa victime est un élément dont il faut tirer parti : la commission du meurtre peut provoquer des réactions étranges chez le criminel, rendu très anxieux par son acte et qui peut subir un contrecoup dépressif. C’est d’autant plus probable dans les cas où il existe des liens d’affection avec la victime : l’auteur peut présenter des signes de souffrance psychologique que des tiers ont peut-être remarqués.
Tous les éléments issus de l’enquête – les lieux, le rapport au temps, l’arme utilisée – peuvent mettre en évidence les caractéristiques physiques et mentales de l’auteur, mais aussi la planification de l’acte qui peut aller jusqu’à la préméditation. Réunir les conditions d’une bastonnade qui tourne mal sans qu’on l’ait prévu (un mauvais coup, ça arrive) n’est pas tout à fait pareil que d’organiser un assassinat. Toujours est-il que l’analyse psycho-criminelle dite de profilage permet de cerner, parmi les suspects, les personnalités qui correspondent aux constatations et d’orienter les interrogatoires.
Le moment
Comme précisé plus haut, la question du temps est inextricablement liée à celle du lieu, ou des lieux. A priori, on peut déterminer quatre moments : la période qui précède la mort, le moment de la mort, le moment du dépôt du corps si ce dernier est transporté, et le moment de la découverte du crime. Le relevé des indices permet d’affiner la chronologie et de tirer déjà certaines conclusions, notamment par la comparaison avec l’emploi du temps de la victime et des intervenants déjà identifiés. Et puis, il y a les circonstances qui se trouvent considérablement éclairées par la détermination du moment : les faits se sont-ils produits de jour, de nuit, au matin, en soirée, dans la pleine lumière ou dans la pénombre ? La question de la météo intervient à nouveau à ce stade. Le temps reste un facteur déterminant dans la suite de l’enquête, notamment en ce qui concerne les dépositions des témoins : le temps qui s’écoule peut influencer les souvenirs, parfois en bien en conférant une signification à certains détails qui avaient paru anodins au premier abord, mais aussi en mal, la mémoire humaine pouvant occulter ou effacer certains faits.
La nature des faits
Dans ce « tiroir », on trouve énormément d’éléments à examiner, tous reliés entre eux par le crime lui-même, mais qui peuvent donner une impression de dispersion. Ces éléments ont également en commun d’être accessibles par l’observation directe, sans qu’aucune expertise particulière ne soit requise.
– La cause du décès est un élément central, impossible à contourner. Faut-il immédiatement envisager le pire, le meurtre ou carrément l’assassinat ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une mort naturelle ? Peut-on penser à un suicide (signes annonciateurs, lettre d’adieu, compatibilité des ressources physiques et des moyens employés) ? Quid de la thèse de l’accident ou de l’homicide involontaire ?
– Il y a la question de la préméditation : est-il possible de l’établir, sans aucun doute ? Et si oui, est-il possible d’en établir l’ancienneté ? On peut aussi utiliser la configuration des lieux pour étayer la thèse de la préméditation : l’endroit se situe-t-il à l’écart du passage ? Présente-t-il une possibilité de fuite rapide ? Encore des éléments à prendre en considération.
– Le crime se double-t-il d’un vol ? C’est un élément qui tend à caractériser la personnalité de l’auteur des faits. Il en est de même pour tout ce qui touche au repérage des lieux et au rapt de la victime, vive ou morte : savoir que l’on cherche un rôdeur, un voyeur, un kidnappeur, un voleur, quelqu’un capable de distraire une partie de son attention pour satisfaire des besoins qu’il juge au moins aussi importants que la commission du crime lui-même, ce n’est pas rien…
– Quelle est l’arme employée ? La retrouve-t-on sur place ? S’agit-il d’une arme qui se définit comme telle ou d’une arme par destination – un objet du quotidien qui a été utilisé sur l’impulsion du moment ? Voilà qui en dit long sur la dextérité et la détermination du tueur.
– Le crime a-t-il été doublé d’une tentative d’incendie ou d’immersion du corps ? Si oui, faut-il y voir une tentative de nier la victime ou le crime ?
– Existe-t-il des possibilités de rapprochement avec d’autres affaires ? Même mode opératoire, même arme, même genre de victimes, même zone…
Vous voyez qu’il y a de quoi faire !
Le mobile
On s’en tiendra encore à ce qu’on peut conclure grâce aux observations directes, sans l’expertise de spécialistes, comme les psychiatres. Rappelez-vous qu’on ne tue pas pour des broutilles, à moins d’être un psychopathe. Les motifs de tuer doivent être puissants et presque tous sont reliés à ce que l’on désigne sous le vocable de péchés capitaux : l’envie, l’orgueil, la luxure, l’avarice, la paresse, la colère et même la gourmandise.
– S’il est question d’argent, on peut se poser la question du chantage, soit qu’on ait voulu faire taire ou faire parler.
– Les présomptions de suicide peuvent incliner à considérer les motifs personnels que sont l’amour, la jalousie ou les fêlures psychologiques. Mettre en scène un suicide suppose une grande intimité de l’auteur avec sa victime, davantage encore si la thèse semble acceptable dans un premier temps.
Quoi qu’il en soit, la question du mobile doit faire l’objet de développements ultérieurs et approfondis. Mais, même s’ils tentent de s’en abstraire, tous les enquêteurs – des êtres humains comme les autres – nourrissent des idées préconçues par rapport aux affaires qu’ils traitent, et ce qu’ils peuvent imaginer ou croire concernant le motif, a priori, n’est pas à rejeter sans procès au rang des fabulations ou des projections infondées. On a assez glosé sur l’importance de la première impression : alors pourquoi ne pas en tirer parti ?
Les témoins
Le premier témoin, c’est la personne qui découvre le corps : un témoin d’autant plus secoué par la réalité brutale à laquelle il est confronté que le corps aura été dégradé (incendié, mutilé). Ne jamais perdre de vue les répercussions psychologiques et ne jamais tirer de conclusions hâtives des comportements qu’elles induisent. Certaines personnes peuvent avoir besoin d’un moment pour digérer ce qu’elles ont vu.
Si le crime a eu lieu dans un endroit isolé, il faudra se résoudre à ce qu’il y ait très peu de témoins. Même quand les témoignages affluent, il faut demeurer prudent, parce que l’élément humain est particulièrement présent et important dans cette partie des investigations. On peut très bien ne pas se souvenir, mentir ou se contredire en toute bonne foi, ne serait-ce que parce qu’il y a toujours un délai entre le moment où l’on voit et le moment où l’on raconte. On peut même y ajouter une troisième étape : on ne saisit parfois pas tout de suite la portée de ce dont on est témoin. D’autre part, on ne peut pas être constamment vissé à ses fenêtres, les yeux rivés sur les aiguilles d’une montre : même quand on a vu ou entendu l’une ou l’autre chose d’importance, il est rare que l’on puisse livrer un récit « objectif » ou déterminer l’heure exacte, à moins que ladite observation ne s’insère parfaitement dans un emploi du temps. Par exemple, le passage d’une personne dans la rue au moment où commence telle émission de télévision, ou la survenue d’un événement au milieu d’une routine au déroulement immuable. Ce type de détail augmente la crédibilité du témoin, mais ce n’est pourtant pas la panacée : des témoins peuvent paraître suspects simplement parce qu’ils dissimulent les vraies raisons de leur présence dans le secteur. Tel homme qui trompe sa femme et a été témoin d’un crime alors qu’il sortait de chez sa maîtresse sera peut-être tenté de mentir pour se couvrir… mais quel bazar s’il se fait piquer ! Il aura l’air d’un complice ou carrément d’un coupable. Fâcheux, n’est-ce pas ? Ce qui est fascinant dans les dépositions des témoins, c’est ce côté puzzle : il y a des pièces qui ne s’emboîtent pas parfaitement, parce qu’elles portent en elles la signature du tueur. Le talent de l’enquêteur est de les retrouver.
La dernière règle pour le traitement des témoins est de ne pas s’en tenir à une seule version : les dépositions ne sont pas enregistrées une fois pour toutes. Il ne s’agit pas d’accepter les sautes d’humeur et les revirements infondés, mais d’accepter la marge d’évolution du témoignage dans l’esprit du témoin. Entendre et réentendre les gens, c’est offrir à l’enquête la chance d’un regard neuf qui pourrait relancer les recherches. Comme je l’ai dit plus haut, certaines personnes ont besoin d’un temps pour comprendre la portée des événements. D’autres peuvent ne pas avoir conscience de posséder des informations utiles à l’enquête. Reprenons le cas de notre mari adultère : tant qu’il reste marié, il ne voudra pas qu’on découvre la vraie raison de ses allées et venues. Il peut avoir volontairement tu des éléments dont il ne pourrait rendre compte qu’en se dénonçant. Mais si, dans l’intervalle, il a divorcé, il n’aura peut-être plus intérêt à dissimuler la vérité. Encore faut-il qu’on lui ouvre la porte en lui permettant de compléter son témoignage.
En conclusion : la chasse aux indices
A la recherche des traces. Dès la découverte d’un crime, les lieux sont gelés pour éviter la perte et la contamination des traces. Avant toute autre chose, la scène est photographiée sous tous les angles : très souvent, des documents vidéo sont réalisés, afin de documenter le dossier, qui passera en procès peut-être plusieurs années plus tard. Les photos servent aussi de base à certaines analyses, par exemple l’examen des éclaboussures de sang : si la tache est circulaire, le sang a heurté directement l’objet ; si elle a la forme d’un œuf, c’est que le sang a obéi à une trajectoire angulaire ; si le sang s’est déplacé à grande vitesse, propulsé par une balle par exemple, la gouttelette est entourée d’une multitude de taches plus petites ; enfin, une tache de sang étalée révèle un frottement, peut-être une tentative d’effacement. S’il s’agit de lieux en extérieur, une course contre la montre s’engage, notamment contre les conditions climatiques. Si c’est un lieu public, il faut aussi procéder au plus vite pour assurer la réouverture. Les services de police recourent à tous les moyens nécessaires à l’exploration du site, y compris aux brigades cynophiles. Tout ce qui est relevé est soigneusement ensaché, et un document de suivi assure la traçabilité du prélèvement.
Les éléments eux-mêmes. Tous ceux qui suivent les séries policières savent que les échantillons capillaires revêtent une importance particulière : l’échantillon provient-il d’un humain ou d’un animal ? Si c’est un humain, alors des analyses génétiques pourront être entreprises pour identifier le ou les intervenants en cause. On relève également toutes les autres fibres, poudres et débris divers que l’on retrouve sur la scène du crime, à des fins d’analyse.
En avant pour le labo ! Plusieurs tests existent, avec autant de noms barbares. Jugez plutôt :
– La chromatographie est le processus utilisé pour identifier des produits chimiques aussi divers que les teintures, les médicaments ou les drogues, et les résidus de poussière. Il permet aussi d’identifier les gènes, les protéines et l’ADN à partir de minuscules échantillons. Les différentes méthodes utilisées s’appuient sur un même principe scientifique, qui consiste à séparer les différents composants d’une substance et à les identifier.
– L’électrophorèse est le processus qui utilise un courant électrique pour scinder des molécules de taille différente en protéines, lesquelles peuvent ensuite être analysées. Parmi les substances testées, le sang et le sperme, qui aident à déterminer une empreinte génétique.
– La spectrométrie est le processus utilisé pour analyser les composants d’un échantillon après séparation. L’analyse s’effectue en testant l’absorption optique et les qualités de réverbération.
– La spectrométrie de masse est le processus utilisant les électrons à haute énergie pour expulser les électrons des molécules de l’échantillon et fragmenter ces dernières. Le spectromètre de masse utilise alors un champ magnétique ou électrique pour mesurer la masse de chaque fragment. Une molécule donnée se scinde toujours en un même ensemble de fragments et la probabilité que deux molécules distinctes se décomposent en ensembles identiques est quasi nulle. Par conséquent, un spécialiste expérimenté est à même, à partir de l’échantillon d’une substance, d’identifier le produit chimique impliqué.
– L’analyse d’activation des neutrons est le processus examinant le cœur des atomes d’un échantillon en l’exposant à des rayons gamma, avant de déterminer les atomes présents. Le processus peut déceler la présence d’atomes d’éléments particuliers à des niveaux extrêmement faibles (de l’ordre de un pour un milliard). Les experts de la police scientifique l’utilisent pour détecter des oligo-éléments dans les métaux, les médicaments ou les drogues, les peintures, les sols, les résidus de poudre et les cheveux.
– La diffraction des rayons X est le processus utilisé pour déterminer la structure atomique d’une substance. L’échantillon reçoit, sur une feuille de papier photo, des rayons X, lesquels entrent en collision avec les atomes et se diffractent. La diffraction des rayons X dépend de la nature elle-même des atomes : chaque substance produit un modèle différent sur la photo, autrement dit un modèle de diffraction unique.
L’ADN, la « reine des preuves ». L’ADN, ou acide désoxyribonucléique, est présent dans la quasi-totalité des cellules. Il se compose de 46 chromosomes stockés à l’intérieur du noyau cellulaire. Sous un microscope électronique, l’ADN a l’aspect d’un brin étonnamment fin et long, enroulé sur près de 2 mètres à l’intérieur de chaque cellule. Pour mener à bien un test ADN, il est nécessaire de disposer d’un échantillon de cellules humaines. Les exemples les plus évidents concernent le sang ou les tissus cellulaires découverts sur une scène de crime, ou le sperme prélevé sur la victime d’un viol. Grâce aux techniques qui parviennent à amplifier le matériel génétique, les scientifiques peuvent s’appuyer sur de minuscules échantillons. Un combiné de téléphone, un cachet d’enveloppe ou le bord d’un verre contiennent assez de cellules pour mériter l’examen d’un scientifique. L’ADN est extrait du noyau d’une cellule à l’aide d’une solution salée ou d’un mélange de chloroforme et de phénol.
La balistique. Les armes et les munitions trouvées sur une scène de crime sont remises aux balisticiens qui les analysent selon la procédure suivante :
– Le canon est testé avec une nouvelle balle, dans un réservoir d’eau ou un rembourrage de coton, afin de ne pas endommager la balle. Cette munition porte la signature du canon sous forme de rayures. Quand une balle a traversé le canon d’une arme à feu, elle porte la marque de minuscules rayures. Le dessin des rayures est extrêmement spécifique aux types d’armes eux-mêmes ; il offre souvent un aspect suffisamment individualisé pour relier une munition et une arme.
– Un microscope de comparaison permet de voir si ces marques correspondent aux balles retrouvées sur la scène de crime. L’examen de la balle de test identifie l’ensemble de rayures prédominant. L’autre balle subit le même examen et l’expert cherche à établir si les deux ensembles de rayures correspondent.
– Une fois que l’expert a repéré une éventuelle correspondance, il fait tourner les deux balles dans la même direction et à la même vitesse afin de noter si d’autres marques apparaissent simultanément. Si l’examen initial se révèle prometteur, l’expert augmente le grossissement et vérifie si les marques plus petites sont alignées.
– Les douilles fournissent aussi des informations utiles. La forme de l’entaille laissée sur la douille par le percuteur varie d’une arme à l’autre : aussi l’examen peut-il établir avec une très forte probabilité que telle ou telle arme a été utilisée lors d’un crime donné.
Et voilà ! C’est vrai que ça en fait des choses à digérer… Rappelons quand même que les romanciers écrivent des récits d’imagination, et non des réalités-fictions. Il existe donc une certaine tolérance, une souplesse pour tout ce qui concerne les sciences criminelles. En bref, il n’est pas nécessaire de tout maîtriser. L’important est de rester crédible.
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