Avant de commencer, une petite remarque qui aura son importance plus tard : la signification en contre ne renvoie pas à une carte renversée. Si une lame sort à l’envers, ne vous en inquiétez pas, et remettez-la à l’endroit, tout simplement. Le contre est induit par la position d’une lame dans un tirage, et plus spécialement dans le tirage en croix, où le contre se situe à droite. Le contre n’est pas négatif, mais il indique les risques, les dangers de la situation.
I Le Bateleur – Il est le symbole de l’énergie première, de la spontanéité et de la jeunesse, du début de la vie et de tout parcours initiatique. Les pieds en équerre, chaussé de bleu et de rouge, pour indiquer la parfaite maîtrise des énergies complémentaires, le Bateleur a disposé tout son potentiel sur une table de couleur chair, dont on n’aperçoit que trois pieds (symbole d’un monde inachevé en quête de perfection). Dans sa main droite, une pièce d’or (symbole des deniers), dans sa main gauche, une baguette, peut-être magique (symbole des bâtons), sur la table, un poignard (symbole des épées), ainsi qu’un gobelet pour jouer aux dés (symboles des coupes). Tout est en place ; à lui maintenant de se servir au mieux de son potentiel. Comment va-t-il jouer ? Les dés lui seront-ils favorables ? Saura-il avancer sans faillir et trouver en lui la force nécessaire pour persévérer sur cette route dangereuse et semée d’embûches ? Concrètement : cette lame est toujours le symbole du début d’une relation ou d’une entreprise. Elle évoque l’élan, la force vitale, l’entrain et la joie de vivre. En contre : elle nous invite à ne pas nous précipiter, à réfléchir et à prendre la mesure de chaque chose. Risque d’incompétence ou de maladresse.
II La Papesse – Elle porte le nombre II, qui symbolise la dualité et le monde du féminin. Ici, tout est en gestation et n’aboutira que lentement à la création d’un être ou d’une œuvre. Point de vérités toutes faites, mais au contraire une démarche intérieure qui se poursuit pas à pas et nous amène à soulever le voile de couleur chair, le voile d’Isis, qui se trouve derrière le trône de la Papesse. La Papesse porte une longue cape bleue sous laquelle on aperçoit une robe rouge : le principe spirituel, symbolisé par le bleu, domine l’action, le rouge. Ici, l’activité est interne et intérieure. Sur ses genoux, un livre ouvert qu’elle ne regarde pas : le livre de la Connaissance, celui que nous devrons apprendre à déchiffrer en nous-mêmes. Regardez bien les deux rubans jaunes qui se croisent sur le fond rouge de la robe : n’y voit-on pas comme la marque d’une serrure ? A nous donc de trouver la clé et de nous en servir ! Concrètement : la Papesse est une femme mariée ou liée à un homme, ou encore une femme qui est en train de découvrir et d’accepter sa féminité profonde. Associée au Pendu et à la Lune, la Papesse signifie grossesse ou œuvre de création en gestation. Elle marque la sagesse, la sérénité et la maturité. En contre : elle parle d’intrigues, d’affaires louches ou d’obstacles imprévus. Il faut s’en méfier, surtout en ce qui concerne les questions financières.
III L’Impératrice – Le nombre III libère de la dualité ; il permet de passer à un niveau supérieur de conscience. L’Impératrice porte les emblèmes de la royauté, mais contrairement à l’Empereur, elle ne s’en sert pas : l’aigle est dans sa main droite, le sceptre dans sa main gauche. Le collier et la ceinture d’or, reliés par un triangle lui aussi en or, finissent de lui conférer une allure ferme et sereine, royale. L’Impératrice est assise sur un trône de couleur chair ; elle règne sur la matière et sur la pensée. C’est une lame très mercurienne, où l’intellect est roi : les idées, les jeux intellectuels, les études, les inventions, tout ce qui est du domaine de l’esprit est favorisé. Après la Papesse, symbole de la gestation, l’Impératrice passe à l’action, elle concrétise, elle met en œuvre les projets et les réalise. Le bleu de sa tunique, principe passif, recouvre le rouge de sa robe jusqu’aux genoux : la raison reste parfaitement maîtresse de l’impulsivité, l’Impératrice contrôle et maîtrise toutes les situations. Son regard est résolument tourné vers l’Empereur ; c’est elle qui l’inspire et le soutient, elle qui, comme tout principe féminin, permet au masculin de régner sur le monde. Concrètement : l’Impératrice représente souvent le sujet si celui-ci est une femme. Cette lame nous invite à faire confiance à nos idées et à les mettre en action : elle évoque, tout comme le nombre qui la caractérise, le dénouement des situations et la bonne marche des choses. En contre : méfiez-vous de votre intellect, laissez parler votre cœur. Ne croyez pas que vous puissiez tout régler par une pensée rationnelle. La vie n’est pas une suite d’équations mathématiques,
IIII L’Empereur – Il porte le nombre IIII, nombre de la matière, des quatre éléments, des quatre points cardinaux ; monde de l’effort et du travail, monde créé et manifesté. L’Empereur est accoudé sur un trône couleur chair : il tient dans sa main droite le sceptre qui symbolise son autorité et son pouvoir ; l’aigle s’inscrit à la base même de son siège royal. L’Empereur est le représentant de sa fonction ; il n’est là que pour servir une conception bien supérieure à sa personne. Il symbolise celui qui s’est rendu maître de son propre univers intérieur, celui qui travaille à son évolution personnelle pour le bien de tous les êtres. C’est un homme puissant, fort, qui incarne la stabilité, la fermeté et la rigueur. Sa jambe droite est pliée sur son genou gauche : la raison et le devoir dominent l’affectivité et l’émotionnel. Solidement casqué, et donc protégé, l’Empereur est sûr de lui. Sa barbe, ses cheveux et ses chaussons de couleur blanche font référence à sa grande spiritualité et à sa force intérieure, sur lesquelles il prend appui pour gouverner dans le monde temporel. L’Empereur réalise toutes les virtualités que l’Impératrice portait en elle. Ils sont d’ailleurs le premier couple du Tarot, avant le Pape et la Papesse, la Lune et le Soleil. C’est par leur union et par leur nécessaire alternance que l’univers existe et perdure. Concrètement : l’Empereur renvoie souvent à l’image du père, du masculin. Il est signe de stabilité, de force et de fermeté. Il vous invite à imposer vos vues ou vos projets. En contre : attention à l’excès de rigueur ou d’autoritarisme. N’adoptez pas des positions trop catégoriques et ne vous transformez pas en despote.
V Le Pape – Nombre V, symbole de l’évolution et du changement. Le Pape transmet, donne et dispense. Si l’Empereur régnait sur le monde temporel, le Pape est souverain du monde spirituel. Son trône invisible se tient entre deux colonnes semblables à Jakin et Boaz, qui marquaient l’entrée du temple de Salomon à Jérusalem. Il a dominé les forces antagonistes qui se trouvent en tout individu ; mieux, il les a muées en force vive d’amour pour les autres hommes. Cheveux blancs, barbe blanche, vêtement blanc que l’on devine à chaque manche, le Pape est tout de lumière. C’est un protecteur, un guide, un initié et, comme tel, il sait que la seule voie est celle du cœur. Son rôle sur terre : enseigner aux hommes que l’amour est la seule vraie fore. Son vêtement rouge recouvre une robe bleue, signe que sa spiritualité est active. Sa main gauche pore un gant jaune et tient une croix à trois traverses, attribut – avec la tiare – de la papauté. Il bénit de sa main droite dénudée, pour que les énergies partent de lui vers les disciples agenouillés à ses pieds. Pourtant, son regard ne se dirige pas vers eux, mais droit devant lui, vers l’infini. Le Pape n’impose rien, il donne ; sa meilleure arme : la compassion. Concrètement : le Pape est un symbole d’union, d’amour et de paix. Avec lui, les contrats se signent et les accords se concrétisent. Les études, la spiritualité, la philosophie sont favorisées. Associé à l’Amoureux et au Jugement, il annonce un mariage ; suivi de la Justice, il envisage la conclusion d’un accord intéressant. En contre : mésentente, divorce, rupture. L’enseignement ou la discipline choisis ne vous conviennent pas. Ne prenez pas d’engagement.
VI L’Amoureux – Avec le nombre VI, c’est l’heure du choix, qu’il fait faire en essayant de préserver harmonie et sérénité. Après le bel exemple du Pape, l’Amoureux va-t-il lui aussi être capable d’opter pour la voie royale, celle qui mène l’homme sur les chemins ardus de sa propre quête intérieure ? Un jeune homme aux cheveux d’or est interpellé par deux femmes : l’une, plus âgée et au visage sévère, qui pourrait être sa mère, pose fermement sa main gauche sur son épaule droite ; l’autre, jeune et avenante aux cheveux blonds comme ceux de l’Amoureux, s’adresse à son cœur et non à son devoir, contrairement à la première puisque sa main gauche est à la hauteur de sa poitrine. Au-dessus de ce groupe, Cupidon en personne s’apprête à décocher une flèche ; c’est bien la carte du choix : l’amour ou la raison ? La voie profane ou la voie sacrée ? Si vous tirez cette lame, c’est que vous êtes à un carrefour, à l’intersection de deux voies et que vous allez devoir choisir. L’Amoureux est aussi l’arcane de la révélation, à laquelle l’homme répondra par un engagement de toute sa personne ou qu’il esquivera par peur ou par facilité. C’est enfin une lame qui parle d’esthétique, d’harmonie et de beauté. Concrètement : l’Amoureux nous parle d’amour et du choix de l’amour. Associé au Soleil, il est le signe d’une belle histoire qui commence, ou qui sera sans lendemain si le Pendu met fin à la partie. En contre : ce n’est ni l’heure ni le moment de choisir ; ne prenez pas de résolution que vous ne pourriez pas tenir.
VII Le Chariot – Voici venue l’heure du triomphe et de la gloire ! L’homme a réussi à maîtriser et à harmoniser en lui la Lune et le Soleil (notez la couleur rouge de ces deux luminaires), que le Chariot arbore fièrement en guise d’épaulettes. Cette lame est très dynamique, porteuse d’espérance : le sol est jaune, parsemé de stries noires, avec quelques touffes de végétation. Le dais de couleur chair atteste qu’il s’agit d’un prince, ce qui est confirmé par la couronne et les cheveux d’or. Les colonnes bleues et rouges symbolisent toujours la dualité du monde et sa prise de possession par le conducteur du char. Les deux chevaux renforcent cette bipolarité : le rouge actif masculin et le bleu passif féminin. Le chariot domine ses instincts contraires et trône, impérial, sur ce curieux attelage, la main gauche sur la hanche, la main droite tenant le sceptre du pouvoir. Les lettres SM sont sans doute en correspondance avec l’alchimie : soufre et mercure (principe féminin et principe masculin) ; mais on peut aussi y voir les initiales de Sa Majesté. Ami de la vérité, le Chariot domine la matière, comme en témoignent le dais et les roues de l’attelage, de couleur chair. Pour triompher de lui-même, le Chariot a su utiliser les deux grandes forces symbolisées respectivement par l’Impératrice (III) et l’Empereur (IIII) : la force créatrice et le pouvoir de réalisation. Concrètement : le Chariot est un créateur, un être dynamique, qui bouge dans tous les sens du terme. Associé à la Lune, le Chariot symbolise le voyage, notamment le voyage intérieur – le plus souvent par l’écriture. Associé au Monde, il nous fait traverser les océans, alors qu’avec Tempérance, il s’agit plutôt de petits déplacements. En contre : orgueil, incompétence, échec cuisant dû le plus souvent à une fausse image de soi ou des autres. On se croit arrivé alors que l’on en est seulement à la toute première marche.
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