Nora Gavin, médecin légiste de son état, est obsédée par une affaire criminelle non résolue et qui a failli lui coûter sa santé mentale : le meurtre brutal de sa sœur Triona. N’ayant pas réussi à apporter des preuves suffisantes pour faire comparaître le meurtrier en justice, Nora a tout plaqué : elle est partie en Irlande, se jetant à corps perdu dans le travail et acceptant de s’impliquer dans sa relation amoureuse avec l’archéologue Cormac Maguire. Cependant, des nouvelles inquiétantes l’obligent à revenir à Saint-Paul, dans le Minnesota : le mari de Triona – le suspect n°1 du meurtre de sa femme – est sur le point de se remarier. Cette fois, Nora est décidée à résoudre l’affaire, coûte que coûte, même s’il lui faut découvrir de sombres secrets liés au passé de Triona. Alors qu’elle s’approche de la vérité, elle doit faire machine arrière afin de protéger sa nièce, Elizabeth. Pendant ce temps, Cormac, qui est resté en Irlande où il se languit de Nora, rend visite à son père malade et c’est ainsi qu’il est amené à s’intéresser à un événement survenu un siècle plus tôt, la disparition d’une femme de la région. Cette femme était-elle une sirène, une selkie qui après avoir pris forme humaine, est retournée vivre dans la mer ? Ou bien des forces maléfiques ont-elles contribué à sa disparition ? Pris au piège d’intrigues parallèles, Cormac et Nora se débattent avec leurs obsessions : la recherche d’identité, les soupçons, la vérité, les faux-semblants… Le plus important : vont-ils pouvoir poursuivre leur quête du bonheur ou vont-ils continuer à être hantés par un passé qui les sépare ?
Il s’agit du troisième opus de la série qui met en scène Nora Gavin, après Le chant des corbeaux et Le lac des derniers soupirs, que j’ai bien envie de lire malgré tout… Malgré tout quoi ? Eh bien, voilà : ouf, c’est fini, je suis arrivée au bout de celui-ci… et tout ça pour ça !
Le titre est alléchant… La photo de couverture : n’en parlons même pas ! Juste splendide !… On entre facilement dans le roman grâce à une écriture agréable, qui aurait gagné à inclure davantage de dialogues, et un thème qui fait voyager dans l’espace, dans le temps et dans la réalité. Quelle idée grandiose, cette histoire de selkies, ce côté Cold Case avec une course contre la montre (le très prochain remariage de l’affreux beau-frère) et ces références incessantes aux légendes et au folklore irlandais !… Mais pour le reste, on n’y est pas du tout !
Que c’est lent à se mettre en place… L’auteur a une imagination débordante et on la sent animée d’une vraie passion, mais il y a un moment où on ne peut plus tourner autour du pot : qu’est-ce que la police a bien pu faire pendant la première enquête ? C’est vraiment un boulot cochonné, du début à la fin, surtout quand on considère que les preuves qui n’arrêtent littéralement pas de pleuvoir après le retour de Nora étaient déjà là au moment des premières recherches. Sans rire : ce cadavre qu’on retrouve momifié dans la tourbe à l’embouchure du Mississipi y était déjà à la mort de Triona, pratiquement dans la zone où on a trouvé le corps de cette pauvre fille, et c’est lui, le lien qui permet finalement de désigner et de confondre le meurtrier ! Tu parles d’un ratissage : vite fait, mal fait… Heureusement que la sœur est têtue ! Il y a bien quelques très bons éléments dans cette intrigue, mais ils sont tournés de manière si décevante et si tirée par les cheveux qu’on finit par débarquer, presque malgré soi. Et c’est pareil pour le (very) Cold Case à la frontière de la légende sur lequel enquête Cormac en Irlande. J’imagine qu’Erin Hart voulait construire une espèce de triangle entre les deux affaires et la légende, mais le résultat m’a paru un peu artificiel.
Revenons sur le cas de cette sœur, justement, qui met toute sa vie entre parenthèses parce qu’elle ne peut pas arriver à surmonter son deuil. La résilience ne fait-elle donc pas son œuvre ? Je ne peux évidemment pas juger, mais au-delà de la description des premiers temps qui ont suivi la mort de Triona (notamment cet épisode où Nora se pointe au commissariat avec les derniers éléments qu’elle a collectés, en pyjama et complètement échevelée), je trouve tout cela un peu « surjoué ». Nora est à peine moins hystérique que lors des premières investigations. Notez que je préfère cela à ces comportements que l’on prête à certains personnages de séries, comme cette sublime femme flic qui va se marier sur une certaine petite île de Bretagne où ses frères et son neveu trouvent la mort en l’espace de quelques jours. Et hop, elle se console dans les bras du collègue et à la fin, elle s’en va, heureuse, sereine et souriante, avec son nouvel amoureux, et tant pis si les trois quarts de sa famille sont au cimetière… Bof !
Vous auriez pourtant tort de croire que tout est à jeter dans ce roman : outre les très bonnes idées de base, il y a d’excellents passages, comme la description des lieux qui est époustouflante, Saint-Paul dans le Minnesota et ce joli coin d’Irlande, isolé du reste du monde. C’est le genre de choses que les lecteurs sont tentés de lire en diagonale, mais pas ici : c’est bien simple, on a l’impression d’y être. Un deuxième élément à épingler tout en haut : la description du beau-frère comme suspect idéal, coupable désigné et qui continue à en avoir l’air, à en donner la chair de poule. Enfin, l’intervention de deux personnages, Tom et Eleanor Gavin, les parents de Nora et Triona, qui sont décrits avec beaucoup de justesse, mais qui n’endossent aucune véritable fonction dans le récit : ils sont un peu random et c’est bien dommage…
Je ne peux pas m’ôter de l’esprit l’idée qu’un petit tour par les deux premiers volumes de la série pourrait contribuer à rectifier l’image que j’ai du travail d’Erin Hart. Un travail auquel j’aurais aimé adhérer davantage. En même temps, rien dans La légende de la sirène n’indique l’existence des deux livres précédents : ce sont les recherches que j’ai effectuées pour rédiger cet article qui m’ont permis de mettre la main sur cette information. Amis auteurs, n’hésitez donc pas à faire votre pub ! C’est une série ? Dites-le, voyons !
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