Polar classique – Meurtre au presbytère, de Jean-Yves Tournié

« Il semblait que le meurtrier se soit acharné sur sa victime. Il y avait plus d’une dizaine de blessures à la tête, le crâne était fracassé et même le visage avait été sauvagement frappé. En fait, le pauvre homme avait été torturé, comme si on avait voulu lui soutirer quelque secret ou information… »

Avouez que c’est un bon début ! L’action se situe en Occitanie – la région de Toulouse, l’Ariège, Saint-Bertrand de Comminges et la Catalogne – et en Andorre. Les policiers du SRPJ  de la Ville Rose sont chargés d’enquêter sur l’assassinat de Paul Cathala, prêtre à Lavelanet. D’autres décès récents d’ecclésiastiques sont à nouveau examinés et la conclusion tombe, indiscutable : il s’agit bien d’une série de meurtres. L’un est mort des suites d’un accident de voiture provoqué, l’autre torturé chez lui et un troisième a trouvé la mort lors de son jogging matinal, après que son agresseur ait réduit sa tête en bouillie. Derrière ces assassinats se cache une sombre histoire de « pensions » allouées à quelques prêtres d’origine espagnole… Des lingots à la provenance inexpliquée et qui sont revendus sous le manteau à Andorre… D’où provient cet or ? Quel est le mobile de ces assassinats en cascade ? Pourquoi s’en prendre à des prêtres ? En quoi l’origine espagnole des victimes peut-elle faire avancer l’enquête ? Les événements de la guerre civile espagnole, qui semblent relier les victimes à un passé commun à travers leurs parents et leurs grands-parents, sont-ils vraiment au cœur de cette affaire ? Si oui, comment ? Il faudra bien des investigations et la confession de la petite-fille d’un ancien commandant de l’armée républicaine pour que les policiers découvrent l’origine de ces crimes et le secret des prêtres du pays d’Olmes… Avec un dénouement pour le moins inattendu.

Inattendu… sauf si, comme moi, vous avez été attentif dès le début ! Je ne me suis jamais « spoilée » avec autant de justesse et plus j’avançais dans ma lecture, plus je sentais l’oignon… C’est bon, je sais tout, ou presque, depuis les pages 50 à 60 (et le roman en compte 299 !).

Comment fait-on alors pour tenir le coup jusqu’au bout du livre quand on connaît le fin mot ? D’abord, par un sursaut d’orgueil : je n’aime pas beaucoup abandonner en cours de route et d’ailleurs, j’ai toujours fini par retomber sur tous les livres que j’ai délaissés, à un moment ou à un autre. Alors pourquoi n’aurais-je pas battu le fer pendant qu’il était chaud ? Ensuite, parce que je voulais vérifier ma théorie. C’est vrai que j’étais assez sûre de moi – je ne le suis pas toujours autant – et qu’il y avait dans chacun des chapitres des éléments qui me confortaient dans mes opinions. Une seule solution pour transformer toutes ces présomptions en certitudes : pousser jusqu’à la dernière page. Et j’ai décroché la timbale !

Il y avait de quoi mettre l’eau à la bouche avec l’affaire de départ, le meurtre du prêtre de Lavelanet : l’homme avait subi des sévices si violents que les plafonds et les murs étaient éclaboussés de sang. Près de lui, gisait sa sœur, assommée et grièvement blessée. Et le seul visiteur récurrent connu des paroissiens, c’était le neveu du curé, Rémy, le traîne-savates, incapable de garder un job mais qui avait pourtant entrepris de grands travaux dans sa maison. Mais l’enquête n’avance pas : elle aurait du mal, d’ailleurs. Pourquoi ? Parce que les policiers ont passé le plus clair de leur temps à se fricasser la cervelle en réunions ou à courir à gauche et à droite, à faire du tourisme à Rome, à Genève, à Andorre. Je dis bien du tourisme, parce qu’en fait d’enquête, il n’y en a pas ! Je pèse mes mots : lorsqu’enfin, les enquêteurs – pour continuer à les appeler ainsi, même si le terme est impropre –  mettent la main sur une information capitale, ils ne sont même pas fichus d’en tirer parti ! On ne vérifie pas les identités à la police française ? Il faut croire que non…

Et pourtant, « le secret des prêtres du pays d’Olmes »… Voilà qui fait rêver, n’est-ce pas ? Cela sonne un peu comme cette formule un peu galvaudée – la faute au Da Vinci Code – mais tellement romanesque et énigmatique : le secret des prêtres du Razès. Mais oui, vous y êtes : Bérenger Saunière et ses collègues, les dépositaires d’un mystère insondable qui fait toujours couler l’encre, plus d’un siècle après la mort de l’étrange curé de Rennes-le-Château. Je sais qu’on a rebattu cette histoire dans tous les sens, mais en lisant l’allusion au tout début du roman, je n’ai pas pu m’empêcher d’espérer que l’intrigue aille un peu dans ce sens-là. Mais non…

Je retire de ce roman l’impression d’avoir vainement attendu qu’il commence… Un peu comme l’enquête. Il y avait pourtant matière : des meurtres commis sur des hommes d’Eglise, des sommes d’argent inexplicablement élevées, une trame historique locale et une région magnifique – somptueusement décrite, au point que je l’ai ajoutée à la liste des merveilles de France à aller visiter. L’auteur est pourtant connu et apprécié : son style est plaisant et direct, même si ses personnages, un peu trop bonshommes à mon goût, ne m’ont guère accrochée. C’était peut-être une mauvaise pioche après tout, un livre que j’ai attrapé à cause de son titre et de son illustration de couverture – l’abbaye Sainte-Foy de Conques : bienvenue dans le sublime ! – mais qui ne me correspond pas. J’ai d’autres titres de Jean-Yves Tournié dans ma PAL et je suis bien décidée à réitérer l’expérience.

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