Rome, l’an 258 de notre ère. Menacé de mort par l’empereur Valérien, le pape Sixte II confie une mission de la plus haute importance à l’un de ses fidèles, le légionnaire Proselius, un Romain converti au christianisme : protéger le trésor parmi les trésors, la coupe utilisée par le Christ pendant la Cène. Poursuivi par les hommes de main de Valérien, le fidèle Proselius s’enfonce dans les catacombes afin d’y retirer le Saint Calice, dissimulé dans un espace funéraire, et de le soustraire de justesse aux ennemis de la foi. Autre lieu, autre temps : Tanger, 1684. Samuel Pepys, un haut fonctionnaire britannique, est chargé d’organiser le départ des Anglais de cette colonie acquise par le roi Charles II au moment de son mariage avec la princesse portugaise Catherine de Bragance. C’est alors qu’il rencontre un émissaire du Sultan avec qui il conclut un accord étonnant : en échange de certaines facilités stratégiques dans la reprise de Tanger, les Ottomans laisseront la plus vénérée des reliques, disparue depuis des siècles, réintégrer les terres chrétiennes. Mais Pepys n’est pas le seul à s’intéresser au Saint Calice : l’Inquisition – ou plutôt l’une de ses phalanges les plus radicales – est prête à tout pour s’en emparer. De nos jours. Lors de la fouille d’une épave sur la côte de Cornouailles, berceau de sa famille, l’archéologue Jack Howard fait une découverte qui pourrait bien le mener à un autre objet d’une valeur inestimable. Au-delà de ce que cache l’expédition montée par Pepys à la fin du 17e siècle, c’est surtout un chemin de mémoire qu’emprunte Jack, dont les origines familiales remontent à une famille juive portugaise implantée à Tanger. Mais à nouveau, le spectre de l’Inquisition rôde : à l’institution officiellement dissoute depuis deux siècles, a succédé une organisation secrète héritière des aspects les plus noirs de l’ancien tribunal religieux et toujours âprement déterminée à tout pour prendre possession de la plus fameuse des reliques christiques. C’est donc bien une véritable plongée aux enfers qui attend Jack. Il semble que le bien le précieux du monde chrétien ne se laisse pas approcher facilement…
Dans cet opus de cette série – que j’ai renoncé à suivre dans l’ordre, préférant me livrer au hasard des rencontres en bibliothèque et au charme des premières et quatrièmes de couverture, à mes risques et périls ! – Jack Howard enquête sur le parcours torturé, s’il en est, de l’un de ses ancêtres, descendant de Juifs chassés d’Espagne au début du 16e siècle et installés au Portugal à la faveur d’une conversion « de façade ». C’est cet ancêtre et sa famille qui vont se trouver au centre de l’incroyable coup de poker orchestré par un haut fonctionnaire britannique basé à Tanger… Un coup de poker à la conclusion tragique, à cause de l’implication d’une frange très agressive de l’Inquisition. J’avoue avoir apprécié l’évocation de l’histoire de ces régions perdues aux confins de l’Europe, ces ports francs qui constituaient les derniers vestiges des empires coloniaux et commerciaux naguère édifiés par la volonté des rois. Et l’allusion au roi Charles II Stuart a achevé de me séduire.
D’accord, j’en conviens : le groupe des « méchants » n’est pas particulièrement à la hauteur de l’affreuse tâche qui leur est assignée depuis des siècles. Honnêtement, je n’ai jamais craint une seconde pour la vie du héros – badass à souhait, comme il se doit – et de son entourage – la belle Rebecca, fille unique et chérie du héros, et toute la troupe des plongeurs-baroudeurs-scientifiques qui forment les entours de Jack Howard depuis toujours. D’accord, la manière dont ces gens sont capables de trouver et d’intégrer une masse incroyable d’informations est tout bonnement stupéfiante – quelques heures à peine pour assurer l’examen exhaustif d’un domaine historique, j’en rêve ! Malgré tout, j’ai dévoré cette brique en quelques heures : d’abord, parce que l’auteur a consenti à raboter un peu ses interminables descriptions de plongée sous-marine, et ensuite, parce que le sujet est trop beau et prometteur pour que je me laisse détourner de l’enchantement qu’il me procure pour quelques fariboles… D’accord, c’est peut-être un peu plus que ça, mais bon ! On voyage, on sent l’air du large et de l’aventure, la traduction est excellente et les liens entre le passé, même très lointain, et le présent sont presque palpables. Il y a donc du bon grain à moudre.
Une deuxième bonne pioche pour moi avec cet auteur… Prête pour une troisième expérience !
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