Héros atypique du polar français, l’écrivain Franck Maréchal se retrouve régulièrement mêlé malgré lui à de sombres affaires, et sa réputation d’ « homme à problèmes » l’a précédé. A quelques jours de Noël, il est invité à La Bastide, un petit bourg enneigé niché au cœur des Cévennes, par l’association des Amis de Jules Valier, un homme du cru récemment décédé et aussi un richissime auteur dont l’héritage est très convoité. Franck espérait bien profiter de l’occasion pour se reposer et peut-être pour glaner quelques idées à replacer dans des romans, mais à quelques jours d’intervalle, trois femmes sont assassinées et un berger est retrouvé pendu. Cela fait beaucoup pour un petit coin où il ne se passe jamais rien. Le détective amateur qui sommeille toujours en Maréchal se réveille, au grand dam de certains habitants que son enquête dérange…
Voilà une histoire qui donnait l’eau à la bouche, à en lire la 4e de couverture – ici un peu développée. Une histoire à la Barnaby, avec un mort à chaque coin de rue : tout bon ! Il n’empêche que trois meurtres en 60 pages, cela fait quand même beaucoup. Trop de meurtres tue le meurtre, c’est bien connu… La tentation de laisser tomber et de passer au bouquin suivant dans ma PAL était grande, mais j’y ai courageusement résisté : je n’aime pas m’avouer si facilement vaincue, et après le dernier livre que j’ai abandonné – une histoire soi-disant policière dans laquelle il n’y avait finalement pas un seul mort – je me serais sentie dans la peau d’une enfant gâtée. Quoi, quand il n’y en pas, c’est mal, et quand il y en a, ce n’est pas mieux ? J’ai donc « mordu sur ma chique », comme on dit par chez moi.
Bien mal m’en a pris ! Honnêtement, l’intrigue est difficile à cerner : entre les descriptions de paysages (à couper le souffle : les Cévennes sont le lieu de mes vacances d’enfant, et c’est vraiment très bien rendu) et la météo hivernale, je n’ai rien trouvé à me mettre sous la dent, rien qui me permette de me livrer à mon petit jeu favori, deviner la fin avant la fin. J’ai eu beau faire, rien de rien ! Pensez-donc : la dernière fois que je m’y suis essayée, c’était en regardant Game of Thrones, et comme je suis tombée pile presque au premier coup, mon mari s’est mis à hurler qu’il ne regarderait jamais plus aucune série avec moi. Le second effet « Kiss Cool », c’est que le niveau de stimulation intellectuelle recherché était au top… Mauvaise pioche !
Un petit mot sur la météo… Jetez donc un œil à la 1ère de couverture : vous trouvez que c’est l’illustration idéale d’un roman dont l’action se passe en plein hiver ? Je l’ai pris sur le rayonnage de la bibliothèque parce que cette photo, baignée d’un soleil à la Pagnol, m’attirait irrésistiblement. Le roman idéal pour une longue séance de lecture au soleil, allongée sur mon transat… Tu parles ! Encore un peu, et je devais courir chercher une petite laine ! Amis auteurs, soyez gentils avec vos lecteurs : veillez à ce « détail » qui n’en est pas un…
Encore un dernier petit mot (de rageuse) avant de conclure… Suis-je la seule que cela désespère de trouver une référence à un roman précédent toutes les 10 pages ? Une ou deux fois, pourquoi pas ? Généralement, cela permet de se rendre compte qu’on a chopé un milieu ou une fin de série, que le héros que l’on suit bénéficie d’un background d’ores et déjà développé et étoffé… Cela donne envie de se mettre en quête des premières aventures, et pourquoi pas dans l’ordre. C’est censé fournir une vraie perspective à l’univers de l’auteur, des contours palpables, une vraisemblance… A condition d’en user avec parcimonie ! A force de toujours renvoyer le lecteur à des tas d’informations déjà rabâchées dans les livres précédents, on crée seulement un sentiment d’exclusion. Je ne suis pas la seule lectrice passionnée à me traîner une PAL (Pile A Lire) qui vire très souvent en HAL (Himalaya A Lire), mais ajouter 3 ou 4 romans comme ça, sèchement, à multiplier par le nombre de références que j’écume, il y a de quoi décourager.
Bref, ce n’était peut-être pas le roman dont je rêvais, mais ce n’était pas non plus si horrible que cela. Déjà, c’est vite lu… D’accord, il y a un certain nombre de carences, mais le personnage principal, bien qu’un peu surfait, reste très présentable… Très bien aussi, ce faux suspense lié à la séparation tonitruante des hôtes du héros. Quant à la petite amie, mieux vaut ne pas en parler : trop compréhensive, trop bonne copine, toujours d’accord… On n’y croit pas ! Et pour le reste, dans l’ensemble, ça passe, même si l’enquête est un peu simpliste : le mobile tient la route, et c’est déjà un très bon point.
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