C’est une grande soirée de vernissage au Metropolitan Museum de New York : des trésors inestimables venus des réserves vaticanes sont exposés, certains pour la toute première fois. Toute la bonne société new yorkaise est là pour l’événement. Soudain, quatre cavaliers en costume de Templiers font irruption dans l’assemblée, à cheval, n’hésitant pas à sabrer dans le public pour se frayer un chemin. En quelques minutes, tout est saccagé. Réfugiée derrière une vitrine, Tess Chaykin, une archéologue, assiste impuissante et terrifiée au pillage et à l’effroyable chaos. C’est ainsi qu’elle entend un des cavaliers prononcer une phrase étrange qui évoque le passé médiéval de la France, et plus spécialement les Templiers… Serait-il possible que ces individus masqués, repartis comme ils sont venus dans les ténèbres de Central Park, aient un lien avec le célèbre ordre des moines-soldats ? Il n’y a guère que Sean Reilly, agent du FBI, pour croire que la jeune femme tient en effet une piste sérieuse. Ensemble, ils vont enquêter sur un mystère ancestral : quel est ce secret que les Templiers ont gardé pendant deux siècles et qui pourrait bien faire chuter le Vatican, l’Eglise et même la chrétienté tout entière ?
« Les conjectures concernant la lignée de Notre Seigneur reviennent régulièrement d’année en année, et ne manquent jamais de susciter de l’intérêt, que ce soit dans le champ de la fiction ou sous des voûtes plus universitaires. Le Saint Calice, le Saint-Graal, le Sang royal ou le Sang réal, appelez-le comme vous voulez »
Ce ne sont là que des théories pittoresques, des attrape-gogos populaires depuis le lancement d’une certaine littérature – à en croire l’homme d’Eglise, le cardinal De Angelis, que le duo Tess-Sean va avoir dans les pattes jusqu’à la fin de cette enquête périlleuse, aux frontières de l’histoire chrétienne. Et pourtant, même si Raymond Khoury a profité de l’engouement pour le Da Vinci Code pour faire paraître cet excellent opus que les maisons d’édition avaient d’abord refusé, nous ne sommes pas, en dépit des apparences, en présence d’une énième évocation d’une quelconque dynastie christique. Le dernier Templier touche à quelque chose de plus fondateur et de plus essentiel.
Au fur et à mesure que l’on entre dans l’intrigue de ce thriller qui en prend les moyens, avec un sens certain de la mise en scène, de l’aventure et du drame posé dans l’urgence, on découvre tout un univers et surtout un argument qui remet en question non seulement le christianisme, mais bien l’ensemble des religions en tant que constructions humaines dévoyées au fil des siècles… C’est plutôt bien amené et culotté, même si l’auteur n’a pas la volonté – ou le cran – d’aller jusqu’au bout de sa belle mécanique. Trop osé, trop inconcevable, sans doute… C’est vrai que cela aurait fait un sacré bazar – sans mauvais jeu de mots ! Alors au lieu de cela, il faut bien se contenter d’un final « à l’américaine », gros bras et grosses larmes, un peu conventionnel et attendu, qui tombe un peu à plat après des développements si entraînants et si bien ficelés. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : pour un premier roman, c’était déjà très captivant, palpitant, audacieux, même si on ne peut s’empêcher de regretter qu’il ne l’ait pas été encore davantage.
Outre par son intrigue diaboliquement orchestrée, ce roman est servi par une plume vive et alerte – et une traduction réalisée dans les règles de l’art – ainsi que par un style très visuel, incisif et énergique, qui va à l’essentiel sans s’embarrasser de fioritures inutiles pour décrire un personnage, un lieu ou une ambiance. En quelques mots, on est transporté au cœur de l’Histoire. Les nombreux rebondissements ne nuisent pas à l’ensemble qui en ressort presque magnifié.
Sacrés Templiers… Ils n’ont certainement pas fini de faire parler d’eux !
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