Sir Charles Baskerville, revenu vivre une paisible retraite dans le manoir de ses ancêtres, au cœur de la lande du Devonshire, est retrouvé mort près de l’entrée de son domaine, à la lisière des marécages, le visage figé dans une absolue terreur. Autour du cadavre, on relève les empreintes d’un chien gigantesque. Le docteur Mortimer, qui était l’ami et le médecin du défunt, sait que sir Charles était troublé par une vieille malédiction : depuis le crime perpétré par Hugo Baskerville, un chien-démon surgit de l’Enfer et réclame l’une après l’autre les âmes de ses descendants. N’a-t-on pas en effet entendu les hurlements lugubres de la bête aux quatre coins de la lande ? Qu’en sera-t-il de sir Henry Baskerville, l’héritier de la victime ? Comme il semble que le jeune homme désire s’installer sur ses terres et non demeurer au Canada, le docteur Mortimer décide de faire appel à Sherlock Holmes pour assurer la protection du nouveau châtelain. Retenu à Londres, le détective envoie à sa place son ami, le fidèle docteur Watson, qui veillera sur sir Henry, mènera l’enquête sur le terrain et enverra ses rapports à Holmes. Les longues lettres de Watson sont-elles le seul lien entre la lande de Dartmoor et l’homme de Baker Street ? C’est ce que tout le monde croit…
C’est sans doute LE récit le plus célèbre de tout le corpus holmésien, notamment grâce aux très nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision, mais pas seulement… Ce roman extraordinaire, paru pour la première fois dans The Strand en 1901 et 1902, signe en fait le grand retour de Sherlock Holmes après sa mort présumée dans Le Dernier Problème et la longue éclipse éditoriale qui suivit. Pour créer cette aventure culte parmi les enquêtes du célèbre détective de Baker Street, Arthur Conan Doyle s’est largement inspiré de sa visite à Dartmoor en juin 1901 : « C’est un bel endroit, très triste et sauvage, parsemé d’habitations préhistoriques, d’étranges monolithes, d’abris et de tombes ». A ce cadre grandiose qu’il a su rendre comme personne, Conan Doyle a ajouté la légende qui entoure la mort de Richard Cabell III, un aristocrate du Devon qui aurait vendu son âme au Diable et qui aurait poignardé son épouse avant d’être, dit-on, égorgé par un chien vengeur – celui de l’épouse assassinée (bien qu’il semble en réalité que ladite épouse ait survécu plusieurs années à son mari… Mais bon, raconté ainsi, c’est bien moins glamour…). Les traditions qui entourent le mausolée de la famille Cabell, situé dans le vieux cimetière qui entoure Holy Trinity Church à Buckfastleigh, ont constitué une magnifique source d’inspiration. Ne raconte-t-on pas que la sépulture est ainsi isolée et scellée de manière à empêcher Richard Cabell III de s’évader pour aller hanter la lande ?
Quant aux chiens fantômes, ils sont l’une des figures incontournables du folklore britannique. Tout le monde s’accorde sur l’essentiel : ce sont des spectres canins, noturnes et dotés d’une fourrure noire et d’yeux rougeoyants, dont l’apparition est presque toujours un présage de mort. On les associe traditionnellement aux orages, aux carrefours, aux lieux d’exécution et aux voies antiques. Mais finalement, nul ne connaît l’origine réelle du mythe, celtique, germanique, grec ou égyptien.
Bref, ce classique entre les classiques contient un concentré tout ce qu’on aime : une malédiction, un animal de cauchemar façon Bête du Gévaudan qui est lancé aux trousses de ses victimes désignées, un petit charme rétro très Belle Epoque, une intrigue foisonnante, intellectuellement stimulante et merveilleusement servie par une galerie de personnages hauts en couleur – dont le détective chéri des fans, ressuscité par Conan Doyle après une décennie de bouderie, et son fidèle Watson, toujours si attachant et humain.
Parfait pour quelques délicieuses heures estivales !
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