Polar historique – L’impératrice lève le masque, de Nicolas Remin

Pour tous les inconditionnels de Sissi… Courage, la période des fêtes approche, ainsi que celle des inévitables rediffusions de ces classiques qu’on connaît par cœur mais dont on ne saurait se lasser !

Durant l’hiver 1862, la Venise indépendante et souveraine n’est plus qu’un lointain souvenir. La ville qui vit désormais sous la domination autrichienne, n’est plus qu’une petite parcelle de l’Empire sur lequel règnent l’empereur François-Joseph et son épouse Elisabeth, dite Sissi  – une femme qui est entrée vivante dans la légende. Et lorsqu’un des conseillers de l’impératrice est retrouvé mort en compagnie d’une prostituée, à bord d’un bateau reliant Trieste à Venise, une tempête s’annonce dans la lagune… Le commissaire Alvise Tron, héritier désargenté d’une des plus anciennes familles de l’aristocratie vénitienne, se voit retirer l’affaire, qu’il vient de commencer, par les autorités militaires et il reçoit l’ordre d’oublier jusqu’à l’existence de ce double meurtre. C’est mal connaître cet incorrigible rêveur qui est guidé par sa propre conception du devoir, surtout quand c’est l’impératrice en personne qui lui demande de retrouver le coupable, coûte que coûte.

Un policier comme je les aime : foncièrement honnête, un peu tête brûlée, anticonformiste et surtout farci de contradictions, placé au cœur d’une enquête délicate, où il lui faut avancer prudemment. Malgré la présence de quelques morceaux de bravoure, j’aurais tendance à inviter les amateurs de grosse castagne à passer leur chemin : il n’est pas question ici de laisser déferler des nuées de mecs badass ou de décrire des meurtres dégoulinants d’hémoglobine – et cela dit, même si le double meurtre qui lance cette étrange affaire est sordide à souhait. Tout est subtil dans ces 350 pages au format poche : depuis la description de la Sérénissime et de ses places et monuments fameux, à celle des protagonistes un peu nombreux, mais cela aussi, c’est caractéristique du genre. Quel genre ? Celui des polars historiques, bien sûr, objet de ma passion et qui s’adresse aux lecteurs qui ne craignent pas d’être engloutis dans une dépaysante forêt de pages. Trop long, tout ça ? Oh, non : comment pourrait-on imaginer rendre compte valablement d’une époque différente – un monde perdu pour nous – si on ne se donne pas la peine d’en décrire les contours et tous les détails qui feront s’animer les ombres du passé ? Naturellement, on peut regretter une mise en place des lieux et des personnages parfois un peu longue, mais le tout est plaisant et, si on se laisse embarquer, les pages se tournent sans effort.

Le contexte historique est particulièrement bien choisi et artistiquement développé et exploité – ce  temps où les Aigles régnaient sur l’Europe, à peine conscients des bouleversements en gestation dans chacun de leurs Etats, comme si l’ordre des choses était réellement immuable… C’est une période délicate du règne de François-Joseph, une période qui voit monter les périls, sans que personne ne songe encore à les endiguer. Et Sissi, l’impératrice de la solitude, déjà occupée à fuir les lourdeurs d’un protocole qui l’étouffe… Oui, on frémit d’émotion – de toutes sortes d’émotions –  à la découverte de cet univers disparu aux premières canonnades de 1914.

Une écriture fluide, précise mais non précieuse, un séquençage habile, le suspense maintenu jusqu’au bout et, sous-tendant tout l’édifice, une documentation en béton armé… L’auteur maîtrise son sujet, tant au point de vue littéraire qu’au point de vue historique.

Ah… Pour une fois que je m’attaque à une série en commençant par le premier opus : voilà qui mérite d’être souligné !

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