Policier classique – Le crime de l’Orient-Express, d’Agatha Christie

Un matin, à Alep, en Syrie… Hercule Poirot, qui est venu là pour résoudre une affaire, s’y trouve en transit, vers Istanbul où il désire s’adonner au tourisme. Mais à l’hôtel, le concierge lui remet un télégramme : sa présence à Londres est requise et le détective belge prend alors un billet pour embarquer sur l’Orient-Express. A bord, Poirot retrouve son ami M. Bouc, qui dirige la Compagnie des wagons-lits. Poirot y croise également un certain Samuel Ratchett, un riche Américain qui est tué dans son compartiment, d’une manière mystérieuse, puisque le corps présente de nombreuses blessures infligées à l’arme blanche selon des modes, des forces et des angles complètement différents les uns des autres. Ce fait intrigue Poirot, ainsi que le docteur Constantine, l’un des passagers qui lui prête main forte pour les constatations. Mais ce qui est le plus troublant, c’est que l’assassin se trouve forcément à bord du train, qui est immobilisé par la neige. Les passagers sont tous suspects…

C’est un huis clos passionnant auquel nous convie la Reine du Crime à travers ce roman, paru en janvier 1934, qui fut et demeure l’un de ses plus grands succès de librairie, avec Dix petits nègres. A-t-elle vraiment écrit ce livre dans la chambre 411 du Pera Palace, cet hôtel historique d’Istanbul qui accueille les voyageurs de l’Orient-Express ? Pour les amateurs, l’hôtel 5 étoiles, qui figure avec l’Hôtel Sacher de Vienne, le Ritz de Paris et le Negresco de Nice, parmi les légendes de l’hôtellerie de luxe, existe encore…  Avis à ceux qui voudraient dormir dans ce lieu qu’ont connu, outre la grande dame qui nous intéresse,  George V, François-Joseph, Nicolas II, Mata Hari, Greta Garbo, ou Joséphine Baker !

Toujours est-il qu’Agatha Christie s’est bel et bien inspirée de faits réels – comme elle le faisait souvent : on pense naturellement à l’affaire Lindbergh qui défraya la chronique au printemps 1932, mais aussi à cet incident véridique de l’arrêt de l’Orient-Express dans la neige en 1929 pendant six jours. Férue de voyages et d’aventures, la romancière connaissait l’Orient-Express qu’elle avait emprunté en 1928. De tous ces éléments et de son imagination féconde, Agatha Christie a forgé une intrigue captivante, dès les premières pages : impossible d’échapper à la tentation de rivaliser avec Hercule Poirot pour tenter de deviner l’identité du meurtrier. Respect des vingt règles du crime d’auteur, qui place le lecteur à égalité avec l’enquêteur ? Oh, non ! La grande dame faisait exactement ce qui lui plaisait : si cela cadrait avec les règles, tant mieux ! Sinon… C’était aussi très bien ! On est ici dans le premier cas de figure, mais si la Reine du Crime se plie aux règles, c’est parce qu’elles l’agréent… Pas question pour elle de se laisser dicter le déroulement de cette enquête d’exception par un canevas quelconque. Jusqu’au bout, on est happé par ce récit incroyable, tragique, émouvant, surprenant ! Et le plus fort, c’est que même quand on connaît la fin, le plaisir de lire ce roman une seconde fois (et une troisième… et une quatrième… et une dixième…) reste intact. C’est une question d’atmosphère au-delà du luxe d’un cadre de légende et du meurtre lui-même, une chose indéfinissable qui tient au corps même lorsque l’on referme le roman, entre deux chapitres ou sur le point final. Un roman qui fait davantage que de rester en tête : un roman qui vous laisse le sentiment que vous avez réellement vécu ce qu’il relate.

Et puis il y a Hercule Poirot… Moustachu, perspicace, ridicule, opiniâtre, maniéré, mais avant tout un homme de justice. Et il le prouve magnifiquement au moment d’annoncer la vérité selon ce rituel cher à sa créatrice et aussi aux lecteurs qui savourent ce moment de grand déballage, à nul autre pareil.

Le crime de l’Orient-Express, une valeur sûre, tout simplement !

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