Ce soir-là, elle était la reine du bal… pour la dernière fois : la riche et mondaine Virginia Wakeling a été tuée lors du gala du Metropolitan Museum dont elle était l’une des plus généreuses donatrices. Elle a vraisemblablement été précipitée du toit. Par qui ? L’affaire n’a jamais été élucidée. Trois ans plus tard, Laurie Moran, l’enquêtrice phare de l’émission Suspicion, s’empare du cold case. Elle découvre que Virginia était une femme très courtisée : un petit ami nettement plus jeune – désigné à l’époque comme le principal suspect – et de nombreuses personnalités avec lesquelles elle avait noué d’étroites relations. Tous étaient présents lors de la célèbre fête caritative. Mais qui aurait eu intérêt à se débarrasser de Virginia ? Telle est l’enquête à haut risque que mène Laurie Moran, aux prises avec l’univers à la fois frivole et impitoyable de la jet-set new-yorkaise.
Elle en avait une jolie famille, Virginia, la gentille dame qui est proprement passée par-dessus bord pendant cette soirée très chic où tout le monde avait revêtu de très beaux atours – copies des robes des premières dames, exposées dans la galerie… Anna, sa fille, et son mari Peter, qui avaient la haute main sur la société familiale… Carter, son fils, bellâtre avec un poil dans la main… Tom, le neveu, qui a réussi à se pointer à la soirée chic avec une cagole gloussante et qu’on a repoussé à une table dans un coin… Penny, l’assistante personnelle qui espère gravir les marches de la notoriété et jouir des bienfaits d’une existence facile… Et enfin Ivan, son joli fiancé bodybuildé jusqu’à la dernière phalange du petit doigt, de vingt ans le cadet de Virginia (oui, mais c’est elle qui a financé sa propre bague)… C’est qu’elle était vraiment très riche et que trois ans ont passé sans que la vérité ne sorte de l’enquête pourtant menée avec conscience par la police de New York. Entre Cold Case et Faites entrer l’accusé, cet excellent opus de Mary Higgins Clark ravira les fans de la féconde grande dame, surtout dans ce polar où elle est épaulée par Alafair Burke, la fille de James Lee Burke, qui fut adjointe du procureur de Portland avant de devenir l’une des nouvelles voix du roman policier.
Il flotte sur toute cette enquête un petit parfum de Cluedo pas déplaisant du tout, et aussi un petit quelque chose qui évoque les histoires d’amour impossibles ou compliquées. L’ambition, l’argent, l’ambivalence des sentiments, les regrets, le poids du passé, la difficulté d’être dans un monde qui bouge sans cesse, quand les attentes des uns percutent de plein fouet les espoirs des autres… La reine du bal (au titre original bien meilleur… Jugez plutôt : Every breath you take) est un roman policier beaucoup plus complet et nuancé qu’il n’y paraît. De quoi justifier une ou deux lectures supplémentaires, avec la certitude de trouver à nouveau de quoi satisfaire l’enquêtrice qui sommeille en moi (et dans la plupart des fans de littérature policière).
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