Biographie – La reine Astrid. Histoire d’un mythe 1905-1935, de Pascal Dayez-Burgeon

29 août 1935, en début d’après-midi. La nouvelle tombe, consternante : Astrid, la jeune épouse du roi des Belges Léopold III, vient de trouver la mort en Suisse dans un tragique accident de voiture. Elle laisse un mari éploré et trois orphelins inconsolables, Joséphine-Charlotte, et les futurs rois Baudouin et Albert. L’opinion est pétrifiée. En Belgique, chez ses voisins, dans toute l’Europe même, on adorait cette princesse dont le charme naturel et la simplicité souriante avaient conquis le monde. Le chagrin est à la mesure de la perte. Deux millions de personnes suivent les obsèques, un deuil national est décrété. Et dans son oraison funèbre, le cardinal primat de Belgique peut déclarer en conscience : « Jamais, très chers frères, j’ose le proclamer, jamais depuis que le monde existe, il n’y eut sur terre une princesse plus accomplie que la reine Astrid ». Que fut sa vie ? Qu’en est-il aujourd’hui de celle qu’on pleura tant ? Loin de s’être estompé, son souvenir persiste profondément et durablement dans les mémoires. Même pour les indifférents, le charisme, la grâce et la gentillesse de cette figure touchante demeurent le témoin nostalgique d’un bonheur enfui, une présence consolatrice, une référence porteuse de grands espoirs. « Princesse de légende », « personnage mythique », a-t-on pu dire d’elle. Sans doute. Mais les hommes ne sont pas hostiles aux légendes. Et quand elles occupent dans les consciences et dans les cœurs la place qui est celle de la reine Astrid, elles méritent toute notre attention.

Voilà une biographie brillante, suivie d’une aussi brillante analyse d’un mythe construit du vivant même de la belle reine auquel il s’attache. Elle est et restera la mère de tout un peuple. Une légende qui fait que la souveraine parfaite était aussi une femme parfaite et pourtant égale à toutes les autres femmes : une enfance simple en Suède avec ses parents et ses frères et sœur – une famille comme les autres – un parcours de jeune fille modèle, des fiançailles et un mariage selon les inclinations du cœur mais qui convenaient aux aspirations dynastiques, et enfin trois enfants dont elle ne craint pas de s’occuper beaucoup elle-même. Bien sûr, il y a l’idéalisation qu’apportent la beauté et le rang princier, puis royal.  La légende s’est nourrie du souvenir et du sentiment populaire, encore davantage parce que le règne de la belle reine fut bref. Même en comptant les années pendant lesquelles elle fut princesse de Belgique et duchesse de Brabant, cela ne fait pas tout à fait neuf ans, entre son arrivée à Anvers et la touchante scène du baiser qui scella pour toujours l’union d’Astrid avec la Belgique, d’une part, et d’autre part, la tragédie de Küssnacht.

Une monographie historique qui se lit comme un roman.

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