Polar classique – L’Inconnu du Nord-Express, de Patricia Highsmith

Il ne faut jamais parler avec des inconnus!… On a toujours raison d’écouter les sages conseils de Maman… En voici la preuve.

Guy Haines est un architecte doué, mais torturé par une situation personnelle difficile : il voudrait divorcer de Miriam, son épouse infidèle, pour épouser Anne qu’il aime depuis quelque temps déjà. Dans le train qui l’emmène vers Metcalf où il doit rencontrer Miriam pour parler de leur situation conjugale, Haines fait la connaissance de Charles Anthony Bruno, un garçon curieux, riche, oisif, passablement déséquilibré et très remonté contre son père, qui lui propose d’échanger les meurtres : Bruno tuera Miriam si Haines tue son père. Haines ne prend pas Bruno au sérieux, mais peu de temps après, Miriam est assassinée dans des circonstances qui ne lui laissent aucun doute : c’est Bruno qui a tué l’épouse qui s’accrochait et refusait de divorcer, pour libérer Haines. A charge pour ce dernier d’accomplir sa part du «contrat». Mais Haines est tétatiné : peut-il dénoncer Bruno sans se compromettre lui-même? Ne porte-t-il pas une part de responsabilité dans ce qui est arrivé à Miriam? Quant à Bruno, il ne cesse de rappeler Haines à ses «devoirs». La pression  devient de plus en plus intenable, au fur et à mesure que Bruno s’impose dans la vie de Haines qui finit par céder… Mais la police ne risque-t-elle pas de bientôt faire le lien entre les deux hommes?

Pas étonnant qu’Alfred Hitchcock ait saisi l’argument exceptionnel de ce roman – l’un des cent meilleurs romans policiers de tous les temps – pour en faire un film de légende…  Voici ce qu’il en dit dans la préface d’une édition de poche :

«Savez-vous, disait un des personnages, quel est le pourcentage de meurtres commis dont parlent les journaux? Un douzième… Qui croyez-vous que sont les onze autres assassins? Un tas de gens ordinaires qui ne comptent pas. Tous ceux que la police sait bien qu’elle n’attrapera jamais!»

«La suite me plut encore davantage :

«Une idée formidable! Supposez que chacun de nous tue pour le compte de l’autre? Nous nous sommes rencontrés dans le train et personne  ne sait que nous nous connaissons. Nous avons chacun un alibi parfait. Un alibi sans la moindre fissure!»

«Cette fois, je sentis que je tenais un beau sujet, car chacun n’a-t-il pas, au moins une fois dans sa vie, souhaité de tuer quelqu’un, à condition bien entendu d’être sûr de l’impunité? Le crime parfait! Tout le monde s’y intéresse!

Voilà qui est rudement bien raisonné! Pensez donc : la faiblesse des coupables, c’est le mobile. Quand la personne qui a le mobile le plus puissant est à l’abri de l’alibi le plus inattaquable tandis qu’un autre, dépourvu du moindre motif personnel, se charge de la basse besogne, c’est forcément une histoire qui roule… Ou plutôt qui devrait rouler! Car il faut une sacrée dose de sang-froid et aussi une certaine «égalité» entre les actes à commettre – Miriam était bien plus vulnérable et accessible que le père de Bruno – pour que cette combine puisse fonctionner. Il faut aussi la résolution de ne jamais plus être en contact l’un avec l’autre… Et c’est là que le bât a blessé… L’intérêt alors est de voir comment se dénoue ce qui s’est noué d’une manière si imprévisible et si glaçante.

Je me suis régalée à la lecture de ce classique des classiques, publié en 1950 (le film d’Hitchcock date de 1951!).

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