Histoire – Les Bourbons d’Espagne 1700-1808, d’Yves Bottineau

L’Espagne de la fin du 17e siècle se trouvait dans un état de profonde décadence économique, politique et psychologique – même si celle-ci a été exagérée et si les facteurs de renouveau ont été certains. Avant de mourir en 1700, le dernier roi de la maison de Habsbourg, Charles II, a légué ses Etats au duc d’Anjou, le petit-fils de Louis XIV, qui fut, sous le nom de Philippe V, le premier Bourbon d’Espagne. Charles II, malgré ses répugnances, s’est fait l’interprète du sentiment général : on comptait sur la nouvelle dynastie pour restaurer la monarchie. Après la guerre de succession d’Espagne, Philippe V, puis Ferdinand VI et Charles III, ses fils, servis par d’excellents ou de bons ministres, ont mené avec  succès ce relèvement. Malheureusement, Charles IV et Godoy n’ont pas résisté très efficacement à la Révolution française et à Napoléon. Ce dernier, en détrônant les Bourbons et en voulant imposer son frère Joseph comme roi, a ruiné l’œuvre de redressement menée depuis un siècle. L’optique adoptée par l’auteur est celle des souverains, de leur famille, de leur entourage et de leurs ministres, mais l’Espagne n’est jamais oubliée : elle est présente partout et évoquée depuis les fenêtres des résidences royales.

Voilà une monographie que j’ai attrapée sans conviction sur le rayonnage de la bibliothèque… Je me suis dit : allez, pourquoi pas ? C’est une période que je connais mal, une dynastie que l’on n’aborde généralement que par son début, ou par sa fin si on est plutôt adepte des histoires à la manière «Grandeur et décadence» (décadence surtout, en l’occurrence). Cela me permettra d’avancer un peu sur ce chapitre… Sauf que ce soir-là, je n’ai pas pu lâcher ce livre d’exception, qui envisage un règne après l’autre, qui replace le règne de Philippe V d’Espagne sur l’échiquier politique européen et qui raconte tous les membres de cette autre famille Bourbon, celle d’Espagne, avec ses personnages sacrifiés, tragiques ou grotesques. Dans l’ordre de la grandeur, on trouve l’union prestigieuse de Philippe de Parme, fils de Philippe V, avec sa cousine Elisabeth, fille aînée de Louis XV. Les deux branches rassemblées, un mariage de raison qui le restera, un retour inattendu sous les ors de Versailles pour la princesse. Dans le mode tragique, il y a l’échange des princesses, la fille de Philippe V qui ne fut jamais reine de France et la fille du duc d’Orléans qui revint brisée au sein d’une famille dysfonctionnelle (pour les amateurs, il y a l’excellent film, l’Echange des princesses, 2017, de Marc Dugain et Chantal Thomas d’après le roman de cette dernière, avec une distribution à tomber par terre : Lambert Wilson dans le rôle de Philippe V, Olivier Gourmet dans celui du Régent, Catherine Mouchet en Madame de Ventadour et Andréa Ferreol plus vraie que nature dans la peau de la Princesse Palatine). Même le grotesque Charles IV, tout cocu de partout comme il l’a été, finit par trouver grâce aux yeux du lecteur par sa volonté tenace, au-delà de toute raison d’Etat, de porter secours à son cousin germain, le roi de France Louis XVI (leurs mères, nées princesses de Saxe, étaient sœurs).

Bref, c’est l’Histoire vue d’un œil neuf… Un regard qu’on n’aurait pas porté a priori mais à tort !

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