Biographie – La Comtesse de Ségur, née Rostopchine, d’Hortense Dufour

Les personnages de la comtesse de Ségur ont enchanté – ou hanté, cela dépend du point de vue –  des générations d’enfants, et les nostalgiques des collections de petits livres cartonnés font souvent de l’univers ségurien une sorte de paradis. Pourtant, la vie de la comtesse, cette bonne fée créatrice, n’a rien eu d’idyllique. Il y a d’abord cette enfance que l’on peut situer à mi-chemin entre Guerre et Paix et Les Malheurs de Sophie, entre une mère d’une piété qui confinait à la démence et un père à la fois merveilleux et terrible, le fameux Fédor Rostopchine, incendiaire de Moscou en 1812. Puis il y a le mariage, l’étape obligée dans le parcours d’une jeune fille bien née, à Paris, sous la Restauration, avec le bel Eugène, comte de Ségur. Sophie de Ségur ne sera pas heureuse avec ce mari volage, mais en aura huit enfants et aussi une myriade de petits-enfants qui suivront. Les enfants !… Ils seront toute sa vie, sa plus grande consolation et aussi son public rêvé. Enfin, car cette carrière littéraire qu’elle entamera à 56 ans sera l’occasion de sa revanche sur les aléas de l’existence.

Des Malheurs de Sophie aux Mémoires d’un âne, les livres de la comtesse de Ségur ont passionné des milliers de lecteurs sur plusieurs époques, et pas seulement des plus jeunes. Mais sait-on qui se cache derrière ces récits à la fois cruels et humanistes ? Hortense Dufour, en se penchant sur des documents précis, correspondances ou mémoires, nous retrace l’histoire d’une destinée incroyable, celle de Sophie Rostopchine, depuis  les terres de ses ancêtres tartares, l’incendie de Moscou, l’arrivée à Paris où elle a huit enfants et se révolte contre la violence qu’elle a subie.

Hortense Dufour retrace cet itinéraire captivant, et elle nous invite à partager la vérité de cette femme forte et déterminée, mais si peu connue, au milieu de la grande Histoire du 19e siècle. La biographe, à la plume alerte et au style plaisant, s’est appuyée en grande partie sur les correspondances de la comtesse de Ségur et des siens pour réaliser un ouvrage qui se lit comme un roman : c’est peut-être là qu’est sa faiblesse, car portée par la passion que lui inspire manifestement son sujet et par la vivacité de ses sources, Hortense Dufour fait volontiers appel à son imagination pour combler les zones d’ombre de la vie du personnage. L’évocation historique n’échappe pas non plus à certains partis pris. Mais l’ensemble demeure d’un excellent niveau et rend pour un temps la vie à la vraie Sophie.

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