Juin 1681. Marie-Angélique de Fontanges, 20 ans, meurt… Le décès de la jeune femme, qui était la maîtresse de Louis XIV, ne laisse personne indifférent. Très vite, on parle de poison.
La Cour de France vit alors les heures sombres de l’Affaire des Poisons… Au nom de Mademoiselle de Fontanges, sont rapidement associés ceux de ses meurtriers présumés : l’empoisonneuse La Voisin ; Mademoiselle des Œillets, dame de chambre de la marquise de Montespan ; et même celui de la favorite elle-même. Folle de jalousie, la rivale délaissée aurait prêté la main aux procédés les plus abominables pour écarter la jeune Angélique. On parle d’étoffes empoisonnées, de gants imprégnés, de flacons d’eau minérale remplis de poison… Mais toutes les dépositions recueillies à charge ne résistent pas à une seconde analyse : les prévenus n’étaient pas isolés et auraient pu conférer entre eux. Pour eux, la crainte de subir la terrible question – la torture appliquée à des fins judiciaires – aurait pu justifier tous les aveux, même les plus infamants.
De nombreuses zones d’ombre persistent pourtant, notamment en ce qui concerne les suites effectives des grossesses déclarées par Angélique de Fontanges : la thèse d’un avortement ne tient pas, puisque les maîtresses du Roi cherchaient avant tout à asseoir leur influence et qu’un enfant était le moyen idéal d’y parvenir. Cependant, le refus de Louis XIV de laisser pratiquer une autopsie sur le corps de la jeune femme jette le trouble, jusqu’à ce que la famille de la défunte obtienne, à force d’insister, un examen qui est mené avec les moyens de l’époque : les lobes des poumons sont pourris, la membrane qui enveloppe le cœur est remplie d’eau et le foie présente un volume anormal. Rien pourtant qui permette d’expliquer les pertes de sang gynécologique invalidantes qui ont accablé la jeune femme durant les derniers mois de sa vie. Certaines dames de l’entourage de la duchesse de Fontanges ont évoqué un surmenage, dû à la volonté de faire bonne figure aux côtés du Roi malgré une grossesse très avancée. Mais à cela, la Princesse Palatine, qui déteste Madame de Montespan, riposte que le premier enfant mis au monde par Angélique n’est pas mort parce qu’il était trop prématuré, mais parce qu’on l’a empoisonné.
A la fin du 20e siècle, le gynécologue Yves Malinas a entrepris de faire avancer la compréhension que l’on peut avoir de ce décès brutal d’une jeune femme de 20 ans : il a postulé qu’un morceau de placenta avait pu rester dans l’utérus de Mademoiselle de Fontanges après son accouchement et provoquer non seulement les pertes de sang constatées, mais également la mort de la patiente.
Impossible de refermer ce chapitre tragique sans évoquer l’apparition du fantôme d’Angélique à son royal amant, en 1695… Un fantôme qui aurait désigné sa meurtrière, la marquise de Montespan, avant de conjurer le Roi de renvoyer Madame de Maintenon pour se consacrer désormais à son seul salut.
Quelques livres pour aller plus loin :
Henri Piguallem, La Duchesse de Fontanges
Etienne-Léon de Lamothe-Langon, La Duchesse de Fontanges (édition 1833)
Antonia Fraser, Les femmes dans la vie de Louis XIV
Jean Gallotti, Mademoiselle de Fontanges
Claude Quétel, L’Affaire des Poisons. Crime, sorcellerie et scandale sous le règne de Louis XIV
Michel De Decker, Madame de Montespan. La favorite du Roi-Soleil à son zénith
Jean-Christian Petitfils, Madame de Montespan
Jean-Christian Petitfils, L’affaire des Poisons
Un roman : Olivier Seigneur, La Marquise des Poisons
Votre commentaire