Ils ne sont pas nombreux, les rois qui, au cours des siècles, ont inspiré autant de légendes pour la postérité… Le personnage historique du résistant romain tardif aux poussées germaniques des 5e et 6e siècles tend presque à s’effacer derrière le folklore envahissant qui s’est développé au point d’oblitérer les quelques jalons qu’il a laissés.
Les sources, rares et contradictoires, présentent aussi le désavantage d’être tardives : les Annales Cambriae et l’Historia Brittonum datent des 9e et 10e siècles – seconde moitié du 13e siècle pour la version la plus ancienne du poème Y Gododdin. Quant à l’Historia regum Britanniae, de Geoffroy de Monmouth, elle date du 12e siècle – mais elle est largement inspirée de récits plus anciens, hélas perdus. C’est dans cette Historia que l’on trouve l’origine de la plupart des motifs légendaires qui s’attachent à Arthur : son père Uther Pendragon, Merlin l’Enchanteur, l’épée Excalibur, la bataille à Camlann et la retraite à Avalon. C’est à cette époque que le poète Chrétien de Troyes ajoute Lancelot du Lac et le Saint Graal pour initier le cycle que l’on nomme aujourd’hui arthurien. On s’intéresse désormais à tous les personnages qui gravitent à la Cour, et plus spécialement aux chevaliers de la Table ronde.
Etymologiquement, le nom Arthur fait référence à l’ours – un animal qui était emblématique de la royauté – et aussi au guerrier : symbole de force, de stabilité et de protection, le roi Arthur était réputé pour sa force qui était un gage de sécurité pour ses sujets. On a songé à identifier le personnage historique au dux Lucius Artorius Castus, un militaire des 2e et 3e siècles dont le nom évoque une latinisation d’Arthur, dont le parcours peut avoir inspiré les légendes. Les sources manquent cependant pour confirmer cette identification, si séduisante soit-elle. On pense aujourd’hui davantage à un personnage local, un grand propriétaire terrien originaire du Pays de Galles – peut-être le « roi des Bretons » Riothamus, nommé par l’empereur Anthémius. En l’absence d’éléments concrets permettant de trancher, l’hypothèse syncrétique n’a toujours pas été écartée, de même que la possibilité qu’Arthur ne soit finalement qu’une construction mythologique, à la croisée des chemins de l’Histoire.
Quelques livres pour aller plus loin :
Léon Fleuriot, Les origines de la Bretagne : l’émigration
Emilienne Demougeot, La formation de l’Europe et les invasions barbares. De l’avènement de Dioclétien (284) à l’occupation germanique de l’Empire romain d’Occident
Martin Aurell, La légende du roi Arthur
Des romans :
Glenn Cooper, Le secret du Graal
Sam Christer, Les héritiers de Camelot
Bernard Cornwell, La Saga du Roi Arthur
Un roman jeunesse très bien troussé : Michael Morpurgo, Le Roi Arthur
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