Les maisons semblent intactes, et pour un peu, les rues pourraient s’animer à nouveau en une seconde. On tend l’oreille, on hume l’air, on y croit… Mais tout cela n’est qu’illusion, car les gens qui vivaient là sont partis, depuis longtemps et pour toujours.
Ruée vers l’or, activité économique éphémère, ressources naturelles limitées, guerre ou catastrophe… Les raisons d’abandonner un lieu de vie, pratiquement du jour au lendemain, sont nombreuses, avec toujours le même résultat : celui d’un grand théâtre vide.
Il n’est pas nécessaire de passer l’Atlantique pour trouver une ville fantôme. En France, il y a plusieurs villages martyrs des deux conflits mondiaux et aussi des zones victimes de l’exode rural massif du 20e siècle. En Italie du Sud, le village médiéval de Craco fut complètement abandonné à partir de 1963, suite à des glissements de terrain. En Norvège, dans la région du Svalbard, c’est la fermeture des mines qui a entraîné la désertification de zones entières. Pripiat en Ukraine fut évacuée à la suite de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986.
C’est vrai pourtant que dans l’imaginaire collectif les ghost towns sont d’abord un phénomène américain, lié à la Conquête de l’Ouest et immortalisé par des westerns de légende. Les Etats-Unis comptent aussi plusieurs localités désertées par leur population au moment de la Grande Dépression. Quelques noms de ces lieux hors du temps : Bodie, en Californie, fondée au début du 19e siècle au moment de la rue vers l’or ; Dogtown, dans le Massachusetts , fondée en 1663 et désertée un siècle plus tard ; Charleston, dans l’Arizona, qui ne vécut que vingt ans, entre 1870 et 1890, le temps d’épuiser le filon de minerai d’argent qui s’y trouvait ; l’énigmatique Swansea, en Arizona, où on n’a trouvé aucune boutique – rien que des équipements miniers et des habitations ; Grafton, dans l’Utah, fondée en 1859 par des colons qui venaient implanter la culture du coton dans la région, abandonnée à la suite d’inondations chroniques et restaurée à grands frais en 1997 à des fins patrimoniales et touristiques.
Des lieux de tournage rêvés pour le cinéma et la télévision, mais aussi des lieux chargés d’histoire(s).
Quelques livres pour aller plus loin :
Hans-Michael Koetzle et Mario Kaiser, Villes fantômes de l’Ouest américain
Marijke Roux-Westers, Villes fantômes de l’Ouest américain : leur vie, leur mort, leur survie
Aude de Tocqueville, Atlas des cités perdues
Votre commentaire