Ceinturé d’un mur et de douves, le béguinage de Bruges, aussi appelé l’Enclos de la Vigne (en néerlandais De Wijngaard), est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est aussi l’un des lieux phares du centre historique. Fondé en 1225, le béguinage rassemblait à l’origine des femmes pieuses en marge des ordres monastiques. Les troubles religieux du 16e siècle et un incendie survenu en 1584 entraînent le remaniement et l’agrandissement du béguinage qui comprend un portail monumental orné d’une statue de sainte Elisabeth de Hongrie, patronne du béguinage (1776), une trentaine de maison béguinales entièrement meublées d’époque (16e-17e-18e siècles), l’église Sainte-Elisabeth, et la maison de la Grande Dame qui était la supérieure de la communauté. Un lieu béni des amoureux d’atmosphères particulières, avec ses légendes, comme celle des Cygnes. Après la mort de Marie de Bourgogne en 1482, son époux et successeur Maximilien de Habsbourg voulut lever de nouvelles taxes, ce qui provoqua la révolte des Brugeois. Ces derniers se saisirent de Pieter Lanchals, dit Long Cou, qui était le conseiller du prince, et ils le mirent à mort après l’avoir torturé. Maximilien se vengea des Brugeois en les forçant à garder des cygnes sur leurs canaux, pour rappel de leur crime. Il y a d’autres légendes encore, comme celle de ces amants, une nonne et un moine, dont les fantômes hanteraient toujours les abords du béguinage. Rien d’étonnant à tout cela : Bruges n’est-elle pas la source de l’inspiration de Georges Rodenbach (1855-1898) et son roman Bruges-La-Morte (1892) ? Un monument daté de 1903 célèbre d’ailleurs au béguinage la mémoire de ce représentant du symbolisme, si flamboyant que Proust le prit comme modèle pour son Swann.
Dominant le quartier d’Amercoeur à Liège, le Fort de la Chartreuse a été construit pendant l’époque hollandaise, entre 1817 et 1823. Pour les nouveaux maîtres de ce qui deviendra la Belgique, il faut réinvestir le Mont Cornillon et y bâtir un fort qui s’appellera la Chartreuse, en référence au monastère de l’Ordre des Chartreux qui occupa le site depuis le 14e siècle jusqu’à la Révolution. L’ensemble, qui ne jouera jamais de rôle stratégique, est déclassé en 1891 et recyclé en caserne, en prison pendant la Premier Guerre mondiale, puis en hôpital militaire par les Américains en 1944. Démilitarisé en 1981, il est vidé de ses derniers contingents en 1988. Depuis lors, le lieu, qui a acquis un intérêt environnemental en devenant un refuge hivernal pour les espèces cavernicoles, n’a pas cessé de se dégrader. Un lieu chargé d’histoire, dont les légendes prétendent qu’il est relié au centre de la ville de Liège, par des souterrains aboutissant sous Saint-Barthélémy. On a évoqué des disparitions inexpliquées et aussi des différences saisissantes de température qui font penser que des esprits hantent toujours les salles et les couloirs du Fort.
Quelques livres pour aller plus loin :
Thierry Brasseur, La Chartreuse : forteresse hollandaise en sursis
Pascal Majérus, Ces femmes qu’on dit béguines. Guide des béguinages de Belgique. Bibliographie et sources d’archives
Super article très intéressant 🧐
J’aimeJ’aime