Cette relique, très populaire en Espagne et peu connue en France, est un linge de lin, une sorte de grand mouchoir à essuyer la sueur. La tradition le considère comme le linge dont parle l’Evangile selon saint Jean, 20, 5-7, qui avait été posé sur la tête de Jésus aussitôt après sa mort. Il aurait été retrouvé dans le tombeau, à côté du linceul, posé à part. Il est porteur de plusieurs taches ensanglantées qui se sont superposées.
La tradition rapporte que les disciples firent construire un coffre de bois de cèdre pour recueillir divers souvenirs de Jésus et de Marie. Ce coffre, qui contenait le suaire, fut vénéré à Jérusalem jusqu’en 614, puis transporté à Alexandrie après l’invasion des Perses, et encore vers l’Espagne pour la même raison, d’abord à Carthagène puis à Oviedo, capitale du royaume des Asturies où il est toujours conservé. Oviedo devient alors une ville étape importante sur le chemin de Saint-Jacques-de Compostelle.
Le suaire d’Oviedo mesure 53 cm sur 83 cm, soit 1 x 1,5 coudée gréco-romaine en usage à l’époque du Christ, des dimensions et des proportions qui tendent à le rapprocher du linceul de Turin (2 x 8 coudées). Les études textiles menées sur le suaire permettent de reconnaître que le tissage est archaïque et que la structure est identique à celle du linceul, les deux linges ayant été tissés à la même époque. Les pollens montrent une origine moyen-orientale.
Les taches sont bien constituées de sang et d’un mélange de liquide biologique d’origine pulmonaire dans la proportion de un pour six. La nature des taches indique que la mort du sujet est intervenue alors que ce dernier, victime d’un important œdème pulmonaire, était dans un état de très grande détresse physique. La flagellation, évoquée par les Evangiles, aurait pu causer une pleurésie traumatique – origine des liquides mêlés – une insuffisance respiratoire et une compression mécanique du cœur. Quant au supplice de la croix, il occasionnait habituellement une déshydratation rapide, notamment par la perte de sang ainsi que par les contractures musculaires de tout le corps : la température corporelle des condamnés s’élevait jusqu’à 41°, avec une soif intense que décrivent aussi les textes évangéliques, et une acidose de l’organisme qui s’empoisonne lui-même, faute d’arriver à éliminer les déchets métaboliques. Les poumons s’emplissent alors de sécrétions qui entravent encore plus la respiration.
Les expertises montrent que le linge a été enroulé autour de la tête d’un cadavre d’homme adulte portant barbe et moustache, puis replié sur la face dans un second temps, et attaché sur la nuque. Des marques témoignent de lésions correspondant à la couronne d’épines, des lésions qui auraient cessé de saigner une heure avant la pose du linge sur la tête. Le sang, d’origine humaine, est du groupe AB, comme pour le linceul de Turin et la tunique d’Argenteuil.
Comme pour le linceul, les analyses au Carbone 14 n’ont rien pu montrer qui rende compte de l’intégralité des faits historiques et des constations préalables.
Une énigme non élucidée de plus au rayon des reliques saintes.
Quelques livres pour aller plus loin :
Jean Maurice Clercq, Les grandes reliques du Christ. Synthèse et concordances des dernières études scientifiques. La tunique d’Argenteuil, le suaire d’Oviedo, le linceul de Turin
Janice Bennett, Enquête sur le suaire d’Oviedo. Le mystère du sang divin
Grzegorz Gorny et Janusz Rosikon, Témoins du mystère. Enquête sur les reliques du Christ
Victor Loupan et Alain Noël, Enquête sur la mort de Jésus
Didier Van Cauwelaert, Cloner le Christ ?
Paul Badde, L’autre suaire. Enquête sur le secret de Manoppello
Jean-François Prevost, Credo
Votre commentaire