Henri de Bourbon naît dans la nuit du 12 au 13 décembre 1553 à Pau. Il est le petit-fils et l’héritier mâle qu’espérait son grand-père maternel, Henri d’Albret, roi de Navarre, et le fils de Jeanne d’Albret et d’Antoine de Bourbon, Prince du sang de la maison capétienne de Bourbon. L’enfant reçoit une éducation très simple et rigoureuse, au contact du peuple, mais le choix de la religion du jeune prince divise ses parents, sa mère voulant l’instruire dans le calvinisme et son père dans le catholicisme. Après le décès de son père, le jeune Henri, à peine âgé de 10 ans, s’en va vivre à la cour de France, comme garant de la bonne entente entre la France et la Navarre. Le 9 juin 1572, à la mort de sa mère, Henri devient roi de Navarre sous le nom d’Henri III. Le 18 août de la même année, il épouse Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX – une union à laquelle Jeanne d’Albret était opposée, mais qui doit sceller la fin des Guerres de religion en France et la réconciliation entre les catholiques et les protestants. Le climat est très tendu. A la suite d’un attentat perpétré contre Gaspard de Coligny, le rassemblement de nombreux protestants à Paris donne lieu au massacre dit de la Saint-Barthélémy. Henri, qui est protestant mais Prince du sang, est épargné, mais bientôt impliqué dans un complot, il est emprisonné comme otage. Il réussit à s’enfuir et à rejoindre ses partisans. Pendant les années qui suivent, le roi de Navarre est également considéré avec méfiance par les catholiques et les protestants, qui lui reprochent son manque de sincérité religieuse.
Le destin de Henri est infléchi en 1584 par le décès du duc François d’Anjou, frère cadet du roi de France Henri III et aussi son seul héritier. C’est à ce moment que Henri III se rapproche du roi de Navarre dont il a fait son héritier pour le trône de France, à la condition qu’il abjure définitivement la foi protestante. L’année 1588 marque un nouveau tournant, avec la mort soudaine du prince de Condé en mars et l’assassinat du duc de Guise en décembre. Les deux Henri – de France et de Navarre – s’entendent finalement et signent un traité le 30 avril 1589. Le 1er août, le roi de France est assassiné à son tour. Mais à part sur le papier, rien n’est fait : Henri de Navarre – désormais Henri IV de France – doit encore conquérir son Royaume – en particulier, les catholiques, qu’il faudra convaincre ou vaincre.
Devenu roi de France, Henri doit désormais penser à se marier pour assurer la succession. C’est chose faite en décembre 1600, quand il épouse Marie de Médicis, fille de François 1er de Médicis et de Jeanne d’Autriche. L’année suivante, naît le futur Louis XIII. S’ouvre alors une période de reconstruction et d’essor, tant au point de vue économique qu’au point de vue des arts et des métiers. C’est aussi le moment d’une implantation coloniale française au Brésil et en Nouvelle-France. La ville de Québec est notamment fondée le 3 juillet 1608.
L’année 1609 voit le retour des tensions internationales sur fond de guerre de religion, mais 1610 doit ramener l’union en France, grâce au sacre de la reine à Saint-Denis, le 13 mai 1610. Le lendemain, 14 mai, Henri IV meurt poignardé rue de la Ferronnerie, en plein Paris par un catholique fanatique, François Ravaillac. L’enquête conclut à l’action isolée d’un fou.
Après autopsie et embaumement, le roi est exposé au Louvre, puis enterré à la basilique Saint-Denis. Le nouveau roi Louis XIII n’a que 9 ans.
Ravaillac, un fou isolé ? Ne peut-on plutôt parler de complot ? Il est troublant de constater qu’aucun des deux témoins, les ducs de Montbazon et d’Epernon, présents ce jour-là dans le carrosse du roi ne peut empêcher Ravaillac de poignarder Henri IV à trois reprises. Un bon point pourtant pour le duc d’Epernon, qui a la présence d’esprit d’exiger que Ravaillac ne soit pas tué par les gardes qui se saisissent de lui – au moins, on pourra l’interroger.
Cui prodest… Qui avait intérêt à la mort de Henri IV ? Certainement les Habsbourg, puisque le roi soutenait des princes allemands protestants contre l’empereur Rodolphe II et qu’il envisageait même de déclarer une guerre. Les Jésuites ? Peut-être, mais il faut reconnaître que l’ordre des Jésuites et le roi étaient arrivés au fil des ans à un statu quo plutôt avantageux pour les deux parties. Le fait que Ravaillac ait été un ancien Jésuite n’est pas un argument à proprement parler, puisque l’assassinat qu’il a perpétré aurait pu se retourner contre son ancien ordre. La reine Marie de Médicis elle-même ? Une femme ambitieuse, une épouse délaissée et ouvertement trompée par son mari qui a imposé que ses bâtards soient éduqués avec les princes légitimes et enfin une reine couronnée la veille de l’assassinat… Cela donne à penser, mais l’enquête ne poussera pas dans ce sens. Et le duc d’Epernon, l’un des témoins du meurtre ? Il n’était pas vraiment l’ami du roi, mais bien un courtisan de la reine et un proche des Jésuites… Et en plus, il connaissait Ravaillac. Il n’en fallait pas davantage pour que le grand historien Jules Michelet en fasse son suspect privilégié… Mais c’est lui qui intervient pour que Ravaillac survive à son arrestation : si l’assassin était son homme de main, il aurait mieux valu le laisser être découpé en rondelles par la garde.
Alors ? La thèse actuelle la plus sensée est qu’un complot était bien en route – une conspiration dans laquelle le duc d’Epernon aurait effectivement trempé, mais que Ravaillac, électron libre, aurait devancée.
Quelques livres pour aller plus loin :
Jean-Pierre Babelon, Henri IV
Michel Cassan, La grande peur de 1610 : les Français et l’assassinat d’Henri IV
Jean-Marie Constant, Henri IV, roi d’aventure
Joël Cornette, Henri IV à Saint-Denis : de l’abjuration à la profanation
Un roman : Hadrien de Visme, Le silence du Roi
Un de mes rois favoris ! Tellement « hors-normes »…J’ai lu sa boiographie de chez Fayard, bien sûr.
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